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Scandales financiers - D'autres révélations incriminantes pour Bush
Le président aurait eu vent des problèmes de Harken Energy avant de vendre ses actions en 1990
15 juillet 2002
Photo : Agence Reuters
Le président Bush: les démocrates le trouvent «hypocrite».
Washington — Le gouvernement de George W. Bush est de plus en plus handicapé dans sa lutte contre la corruption par plusieurs affaires impliquant le président, son vice-président Dick Cheney et même le patron de la nouvelle super-brigade financière créée pour traquer les patrons fautifs.
L'agenda de l'administration devrait continuer à souffrir de cette situation cette semaine. M. Bush tentera à nouveau aujourd'hui, lors d'un discours dans l'Alabama, de rassurer les investisseurs.
Hier, le secrétaire au Commerce Donald Evans s'est montré «optimiste» sur la chaîne de télévision Fox, prédisant que les marchés boursiers américains allaient «bientôt» se redresser.
Chaque jour ou presque amène cependant de nouvelles révélations sur les affaires, qui pourraient contrecarrer cette vision positive.
Selon le quotidien Washington Post,
M. Bush avait eu vent en 1990 des problèmes financiers de l'entreprise pétrolière Harken Energy Corporation avant de vendre — pour près d'un million de dollars américains — ses actions dans cette société. De grosses pertes financières avaient été annoncées par l'entreprise peu après, faisant plonger le cours de ses actions.
M. Bush était à l'époque membre du conseil d'administration et consultant de Harken. Il a toujours expliqué avoir vendu ses actions uniquement pour rembourser des prêts, et démenti avoir profité d'informations privilégiées pour opérer une bonne affaire en bourse.
Le gendarme américain de la Bourse (SEC) avait ouvert une enquête sur cette vente mais conclu qu'il n'existait pas assez d'éléments pour ouvrir une procédure pour délit d'initié.
L'opposition démocrate a réclamé, jusqu'ici sans succès, que la Maison-Blanche demande à la SEC de publier les résultats de son enquête sur M. Bush.
Dans l'affaire Harken, le président a reconnu avoir reçu de cette société des prêts très avantageux. Cette pratique n'est pas illégale mais M. Bush a proposé, dans son discours anticorruption la semaine dernière à Wall Street, que les prêts aux administrateurs soient désormais interdits.
Selon les démocrates, M. Bush montre son «hypocrisie» dans cette histoire de prêts en affirmant aux Américains: «Faites ce que je dis et non ce que j'ai fait.»
Les critiques démocrates et les révélations de la presse ont été rejetées en bloc par Donald Evans. «Il n'y a rien» contre M. Bush dans l'affaire Harken, sinon des attaques relevant de «la pourriture politique dont le peuple américain est fatigué», a-t-il fait valoir.
Autre coup dur pour le gouvernement, la presse a révélé samedi que le chef de la brigade financière anticorruption créée par M. Bush, le secrétaire adjoint à la Justice Larry Thompson, a été administrateur d'une société de cartes de crédit impliquée dans des fraudes.
Cette entreprise, Providian Financial, a accepté de payer 400 millions de dollars pour mettre fin à des poursuites engagées pour escroquerie de ses clients et avoir gonflé ses résultats financiers.
Les fraudes ont été commises durant la période où M. Thompson était membre du conseil d'administration de Providian (juin 1997-mai 2001).
Ces révélations viennent s'ajouter au cas de Dick Cheney, qui serait impliqué dans de présumées manipulations comptables dans l'entreprise Halliburton, à l'époque où l'actuel vice-président en était le p.-d.g. (1995-2000). Mercredi, un groupe conservateur a intenté une action en justice contre M. Cheney.
Mis en cause pour sa «mollesse» à lutter contre les scandales financiers, le président de la SEC Harvey Pitt a rejeté toute idée de démission, avancée à nouveau hier par l'influent sénateur républicain John McCain. «Je suis la bonne personne pour le travail», a dit Harvey Pitt à la chaîne de télévision NBC, alors que John McCain soulignait sur CNN que son départ permettrait de «restaurer la confiance».