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Saga Bush - Chapitre 10/« Rubbers »* va au Congrès
 Chapitre X -   « Rubbers »* va au Congrès

 

* Bottes en caoutchouc, caoutchoucs, l’un des nombreux surnoms de Bush père (NdT).

 

Durant l’effervescence de la campagne pour le Sénat, le procès de Bush dans la réattribution des districts avait progressé de façon telle que cela lui avait fourni un grand soulagement au beau milieu de sa défaite. Lorsque Bush gagna son procès au tribunal du district fédéral de Houston, il y eut un fameux tollé de la part du gouverneur John Connally qui traita ce respectable tribunal de « cour républicaine ». Bush se plaignit de ce que Connally devenait « vitriolesque ». Au cours de la campagne de Bush pour les primaires, un panel de trois juges de la cour du circuit fédéral des appels avait décidé que l’Etat du Texas devait modifier sa répartition des districts. Bush déclara que ce résultat était « une véritable victoire pour tous les gens du Texas ». En mars, le procès de redistribution des districts de Bush avait reçu une action favorable de la part de la Cour suprême des Etats-Unis. Cela signifiait que la voie était libre pour créer un district sans titulaire à la mesure de George Bush, dans ce qui allait être un chef-d’œuvre de tripatouillage électoral, lequel allait faire de lui un élu officiel, le premier membre historique du Congrès de l’histoire récente du district de Houston.

Le nouveau Septième District fut dessiné pour créer un siège républicain libéral tout en tenant minutieusement compte des zones que Bush avait remportées dans la course au sénat. Ce qui en sortit, ce fut en majeure partie un district de chaussettes de soie immaculées de l’élite influente très middle-class et middle-class supérieure. Il y avait également quelques petites enclaves noirs et hispaniques. Dans les urnes électorales du nouveau district, Bush l’avait emporté par une marge de huit contre cinq sur Yarborough.(1)

Mais avant de préparer activement une campagne pour le Congrès dans le 7e District, en 1966, Bush devait d’abord se débarrasser de certain ballast idéologique inutile qu’il avait adopté pour son profil à la Goldwater de 1964. Durant cette dernière campagne, Bush s’était exprimé avec plus de franchise et d’audace sur une série de questions politiques qu’il ne l’avait jamais fait auparavant et qu’il ne l’a fait depuis. Hormis sa coloration à la Goldwater, on emporte l’impression que, la plupart du temps, les discours n’étaient pas rien que des inventions, mais qu’ils reflétaient souvent ses propres instincts oligarchiques et ses obsessions profondément enracinées. Fin 1964 et début 1965, Bush fut affligé par une sorte de gueule de bois provenant de ce qui, pour lui, avait constitué une orgie sans précédent de révélation de soi.

Le George Bush modèle 1965-66 allait devenir un modéré, abandonnant les accents les plus perçants de sa croisade con,servatrice de 1964.

D’abord, il y eut un mea culpa épiscopaliste. Comme le rapporte l’admirateur de Bush, Fitzhugh Green, « l’une de ses premières démarches fut de se débarrasser du reliquat ennuyeux de sa campagne de 1964. Il avait épousé certaines idées conservatrices qui ne correspondaient pas à sa propre attitude modérée. » D’anciennes déclarations devenaient sans effet, croit-on savoir, lorsque Bush discutait du sujet avec son pasteur anglican, John Stevens. « Vous savez, John », dit Bush, « j’ai adopté certaines positions très à droite afin d’être élu. J’espère ne jamais devoir le faire à nouveau. Je le regrette. » Ses positions radicales sur la projet de loi des droits civiques constituaient sans doute une bonne partie de ses « regrets ». Stevens, plus tard, fit le commentaire suivant : « Je soupçonne que son but concernant les droits civiques était le même que le mien : c’est-à-dire qu’il voulait précisément passer outre les autorités existantes pour y arriver. De cette façon, rien ne serait jamais fait. N’empêche, il représente toujours ce qu’il y a de mieux dans le style noblesse oblige. »(2)  

Il est caractéristique que ce fut par le biais d’une tentative de nettoyage dans l’organisation du GOP du comté de Harris que Bush fit savoir qu’il changeait de vision. Son pari, ici, consistait à faire appel aux militants du parti pour prendre un « engagement contre l’extrémisme et contre l’intolérance », comme le rapporta le Houston Chronicle, le 26 mai 1965.(3) Bush attaqua sans les citer les apôtres en fustigeant leur « culpabilité par association » et « leur psychologie de la peur extrême, et ses déclarations ont fait s’en aller toute une coterie aigrie et tenace du GOP de Houston. Bush a fait savoir clairement qu’il visait la John Birch Society, dont il avait pourtant été très soucieux d’associer les militants à ses efforts, en 1964. Aujourd’hui, Bush s’en prend aux Birchiens de façon à remodeler son profil de droite de l’année dernière. Bush a déclaré, avec son habituelle syntaxe malmenée que les membres de la Birch prétendent ‘détester la corruption et le scandale ainsi que le délit d’association, mais combien sont-ils à le dire publiquement ?’ »

 

Ce fut bientôt suivi par une démarche du plus pur style birchien pour exclure Bob Gilbert, qui avait été le successeur de Bush en tant que secrétaire du GOP durant la période Goldwater. Les partisans de Bush adoptèrent la ligne consistant à dire que les « extrémistes » avaient acquis trop de pouvoir sous Gilbert et que, par conséquent, celui-ci devait s’en aller. La faction Bush, à ce moment, possédait assez d’influence pour exclure Gilbert, ce qu’elle fit le 12 juin 1965. L’éminence grise de la faction de droite, le sénateur d’Etat Walter Mengdon, raconta à la presse que l’exclusion de Gilbert avait été dictée par Bush. Celui-ci répondit en se plaignant qu’il était très déçu par Mengdon. « Je me suis tenu à l’écart de la politique du comté. Je croyais que tous les républicains avaient soutenu ma campagne », déclara Bush dans le Houston Chronicle,le jour où Gilbert fut exclu.

Le 1er juin, les journaux de Houston firent état de l’élection d’un dirigeant républicain, « anti-extrémiste », pour le comté. Il s’agissait de James M. Mayor, qui avait battu James Bowers par 95 voix contre 80 au comité exécutif du comté. Mayor avait été soutenu par Bush ainsi que par le sénateur Tower. Bowers était un aboyeur qui prônait partout le retour à la « magie » de Goldwater. Le secrétaire du GOP au niveau de l’Etat, O’Donnell, espérait que le nouveau président allait pouvoir mettre un terme « à toute cette dissension qui règne depuis des années au sein du parti dans le comté de Harris ». Malgré ce vœu pieux, la rivalité sans ménagement entre les factions allait encore déchirer l’organisation du comté durant plusieurs années. Un jour, la Ripon Society, un groupe de républicains libéraux à l’échelle de la nation qui prétendait participer un effort de reconstruction en retournant à la modération après la débâcle de Goldwater, intervint dans le comté afin de protéger le maire contre l’opposition de droite. En agissant de la sorte, le Ripon Society intervenait également en faveur de Bush. Les gens de la Ripon faisaient remarquer que la guérilla contre le maire était une « autre preuve de la force persistante de l’extrême droite au sein du GOP texan ». Peu de temps après cette escarmouche, la faction dissidente du GOP du comté de Harris contrôlait 87 des 189 sièges de la circonscription électorale.  

Mais, dans un même temps, Bush prenait soin de discipliner son aile gauche et de se distancier des débuts du mouvement contre la guerre du Vietnam qui avait été visible vers la mi-1965. Un document remarquable de cette manœuvre est le texte du débat entre Bush et Ronnie Dugger, l’écrivain et rédacteur en chef du Texas Observer. Ce débat eut lieu le 1er juillet 1965 face au Barreau des Jeunes de la convention du Texas à Fort Worth. Dugger avait soutenu Bush – d’une certaine manière, on disait que Dugger n’était « pas sans intentions subtiles »aux primaires républicaines pour le Sénat, l’année précédente. Dugger n’était pas un radical et, à ce moment, n’était pas vraiment opposé à la guerre du Vietnam et, en fait, il défendait la politique de LBJ, disant que le président « n’allait pas se sortir facilement du Vietnam, mais qu’il cherchait, et qu’il cherchait très fort, à trouver une porte de sortie honorable ».(4) Néanmoins, Dugger estimait que LBJ avait commis une série d’erreurs dans la mise en application de sa politique. Dugger ralliait également les objections avancées par le sénateur Fulbright disant que« chercher une victoire militaire totale allait coûter davantage que ce que réclamaient nos intérêts et notre honneur ». Ainsi donc, Dugger était-il opposé à toute poursuite de l’escalade et prétendait-il que les manifestations contre la guerre et la désobéissance civile pouvaient s’avérer très bénéfiques.

La première source réelle d’inquiétude pour Bush fut de voir que « le mouvement en faveur des droits civiques était transformé en moyen colossal pour attaquer la politique étrangère du président au Vietnam ». Il commença par attaquer Conrad Lynn, un « avocat nègre » qui avait dit aux étudiants de « ma vieille université – Yale – que ‘l’armée des hégémonistes blancs des Etats-Unis’ a été envoyée pour supprimer les peuples non-blancs de la terre ». Selon Bush, « Le Yale Daily News rapporta que l’audience applaudit lorsque [Lynn] annonça que plusieurs noirs étaient allés en Asie pour s’engager dans l’armée du Nord-Vietnam et y combattre les Etats-Unis ». Ensuite, Bush s’en prit à sa cible réelle, Martin Luther King. King, dit-il, que « l’on identifie à la liberté de la cause noire, a dit l’autre jour à Boston qu’il ne voulait pas s’asseoir à un comptoir à lunch ségrégationniste où il y avait du strontium 90 dans le lait, nonobstant le fait que ce sont les communistes qui l’essaient dans l’atmosphère aujourd’hui, les communistes chinois. Ce ne sont pas les Etats-Unis. » Puis il y eut Bayard Rustin, « un type de premier plan dans la lutte des noirs pour la liberté, [qui] réclame le retrait du Vietnam ». Tout cela est hypocrite, s’il faut en croire Bush, puisqu’ils « parlent de droits civiques dans ce pays, mais qu’ils acceptent de sacrifier les droits de l’individu dans les pays communistes ».

Bush était également remonté à propos des manifestations contre la guerre, puisqu’elles étaient suivies par des gens qu’il appelait ‘extrémistes’. « Je suis sûr que vous savez ce qu’est un extrémiste. C’est un type qui prend une bonne idée et qui l’applique à des desseins absurdes. Et c’est ce qui s’est passé. Naturellement, la réapparition du beatnik politique me fournit personnellement une bonne tranche de plaisir. De nombreux conservateurs ont tressailli depuis 1964 parce qu’on nous catalogue d’extrémistes de la droite. Et il est certain que nous avons été embarrassés par les huées qui ont accueilli Nelson Rockefeller lors de la convention et par certains des commentaires qui faisaient allusion à l’odeur de fascisme qui flottait lors de la convention républicaine, et des choses comme celles-là, et nous nos sommes crispés. »  

De plus en plus échauffé par le sujet, Bush poursuivit : « Laissez-moi vous donner quelques exemples de ce genre d’extrémiste de gauche. Averell Harriman – qu’on ne peut certainement accuser d’avoir des vues réactionnaires – parlait du Vietnam à l’Université Cornell, devant une foule qui lui hurlait ‘Menteur!’. Ils l’ont hué au point qu’il put à peine finir, et finalement, il en a été tellement frustré qu’il a demandé : ’Combien y a-t-il de communistes dans l’assistance ?’ Et une poignée de gens qui étaient là – pas beaucoup, je l’admets – ont levé la main. »

Ainsi, pour Bush, les extrémistes étaient les gens qui s’en prenaient à Rockefeller et à Harriman.

Bush défendait le Comité interne sur les Activités anti-américaines contre les manifestations organisées par James Foreman et le SNCC, et il plaignait un fonctionnaire du département d’Etat qui avait été catalogué de fasciste dans l’Iowa, et il se mit à agresser le mouvement de Berkeley et son « discours dégueulasse ». Comme exemple de la « pure naïveté » des dirigeants des droits civiques, il cita Coretta Scott King qui « s’était arrangée pour relier la paix dans le monde et les droits civiques et pour relier d’une façon ou d’une autre ces deux choses sur le plan philosophique », et là, Bush avouait ne pas comprendre. « Si nous pouvons être non-violents à Selma, pourquoi ne pouvons-nous êtes non-violents au Vietnam ? » avait déclaré Ossie Davis, et Bush proposa qu’on lui décerne une « saucisse verte » pour sa « théorie absurde »,pour « ce qui sera la réflexion la plus confuse de l’année ». 

Au-delà de son inévitable obsession de la race, Bush était carrément un faucon, il était ouvertement pour l’escalade, pour la porte ouverte aux armes nucléaires au Vietnam, mais d’une façon tout juste un peu plus subtile qu’il ne l’avait exprimé l’année précédente : « Et ainsi, je suis ici quelqu’un qui dit qu’il va soutenir le président et les chefs :militaires quelles que soient les armes qu’ils utilisent en Asie du Sud-Est ».

Au cours des années 1964, 1965 et 1966, Bush fonctionna toujours comme président à plein temps de la Zapata Offshore, bien que certains de ses collaborateurs se plaignissent qu’il était beaucoup moins obsédé par l’idée de gagner de l’argent ; Durant cette période, les opérations de la compagnie prirent une extension rapide et le chantier LeTourneau à Vicksburg fabriqua toute une série de plates-formes de forage offshore, y compris quelques-unes d’un design tout neuf. Les affaires avaient été bonnes, en 1964, avec des rentrées nettes supérieures de 85% à l’année précédente. Bush écrivit dans le rapport annuel de la Zapata pour 1964 : « L’industrie du forage offshore, dans laquelle nous travaillons, continue à se montrer forte et active, et pratiquement tout l’équipement du golfe du Mexique a été employé à 100% du temps. En outre, d’autres marché dans le monde entier sont actifs et de nouveaux marchés s’ouvrent également. »

La dernière plate-forme de forage LeTourneau fut la ‘Maverick’ (bétail sans marque, ou franc-tireur, NdT) et, à cette époque, c’était la plus grosse barge de forage auto-élévatrice dans le monde. Les barges auto-élévatrices étaient des gréements mobiles avec des pieds qui reposaient sur le fond marin. « La profondeur d’eau maximale dans lesquelles les barges auto-élévatrices peuvent travailler est limitée par la longueur de leurs pieds », rappelait Bush à ses actionnaires. La Maverick travailla pour la California Company. Le design de la Maverick était si prometteur, déclara Bush à ses actionnaires, que « la Zapata a poursuivi les discussions pour construire deux nouvelles plates-formes de la classe Maverick », lesquelles iraient travailler pour Shell. Gilf Oil étaient également désireux de louer l’une des nouvelles plates-formes de la Zapata..  

La Scorpion, qui avait été la première des barges mobiles auto-élévatrices, passa l’année 1964 au large de la Louisiane, sous contrat avec Shell. La Vinegaroon passa la première moitié de l’année au large de Trinidad avant d’aller s’installer elle aussi au large de la Louisiane. La Sidewinder, le vaisseau de forage flottant de la Zapata, conçu à part entière comme un navire, avait été remorqué par la Brunei Shell Petroleum Compnay Ltd, appartenant à la Royal Dutch Shell jusqu’à une position au large du sultanat de Brunei, sur la côte nord de Bornéo. Bush écrivit dans le rapport annuel de la Zapata pour 1964 que « la Brunei Shell Petroleum Compnay Ltd a tenu au courant votre compagnie de l’intention de Shell de faire valoir son option, contenue dans le contrat de forage, consistant à racheter la Sidewinder. L’argent tiré de la vente de cette même Sidewinder sera utilisé pour défrayer une partie des frais des nouvelles plates-formes. Shell prévoit de déménager la Sidewinder au golfe Persique où la Seacat-Zapata, notre filiale dans le golfe Persique, va la faire fonctionner en compagnie d’une autre filiale de Shell. »

Parmi les plates-formes plus anciennes, la Nola I, la carcasse de cargo de la Seconde Guerre mondiale avec un appareillage de forage incorporé, était maintenant considérée comme dépassée. Elle fut vendue à une société de forage mexicaine, sans doute connectée à Diaz Serrano ou à l’un de ses groupes d’associés. La Nola III, qui avait été vendue en 1961 à la Zapata-Seacat Offshore Company, l’une des filiales de Bush, était toujours active dans les « eaux relativement calmes » du golfe Persique. « Durant l’année 1964, la Nola III travailla pour la Kuwait Shell Petroleum Development Company and Continental Oil Company," écrivit Bush dans son rapport annuel pour l’année 1964. Et, en effet, le sultan de Brunei et l’émir du Koweït étaient  les partenaires en affaires de Bush.

La flotte de plates-formes de forage de la Zapata était soumise à une modernisation continue, et les plates-formes de forage conçues à partir de navires étaient de plus en plus éliminées au profit de plates-formes auto-élévatrices. En 1964, trois des cinq plates-formes de la Zapata étaient encore flottantes mais, en 1966, écrit Bush, seule la Nola III étaient encore active, dans cette classe. Une menace pour la flotte de la Zapata venait des ouragans dans le Golfe : en 1964, l’ouragan Hilda avait causé pas mal de dégâts aux plates-formes Scorpion, Vinegaroon et à la nouvelle Maverick.

En surveillant le marché mondial des plates-formes de forage, Bush remarqua que « des découvertes au large du Nigeria attirent des plates-formes dans cette zone ». Il y avait également la découverte récente de pétrole dans la mer du Nord, qui eut pour résultat que, « durant l’été, les Royaume-Uni loua une importante zone de sa côte est en vue de prospection offshore ». « La plupart des principales compagnies pétrolières mondiales investissent lourdement dans la mer du Nord », remarquait Bush. Il y avait également le golfe Persique, où « une vente en leasing au large de la côte nord du golfe Persique est actuellement réalisée par le gouvernement iranien au moment où le présent rapport est envoyé à la presse. » « On s’attend à ce que tous ces développements aient un effet bénéfique sur les affaires de la Zapata au cours des prochaines années », concluait Bush.

En 1965, Bush put des vanter dans son dernier rapport annuel de la Zapata que les dividendes par action avaient augmenté pour la sixième fois en sept années sous sa direction. Il y avait eu un revers sévère avec la destruction de la plate-forme Maverick par l’ouragan Betsy dans le golfe. Mais Bush était en mesure de rassurer ses actionnaires : « Je suis heureux de faire remarquer que, malgré les trois semaines qu’a duré l’ouragan Betsy, votre société a été remboursée à plein tarif par les compagnies d’assurances. La couverture fut assurée par la Lloyd de Londres et par les British Insurance Companies, et le travail de forage offshore devrait être reconnaissant de la façon dont ces compagnies ont répondu lorsque le désastre s’est produit. »

L’ampleur du marché de forage offshore de Bush comprenait désormais la côté du Nigeria, les locations iraniennes dans le Nord du golfe Persique, les champs offshore australiens qui se développaient à l’époque, le golfe de Suez et le commencement des forages en mer du Nord, à la fois par la Grande-Bretagne et la Norvège. La Zapata, disait Bush, demeurait en contact étroit avec British Petroleum, Continental et Shell. Sur le marché pétrolier mondial en général, Bush reprenait les paroles de John Loudon, le grand PDG de la Royal Dutch Shell Group, qui disait que dans 25 ans, le monde libre allait avoir besoin de trois fois la quantité actuelle de pétrole pour sa consommation.

Plus tard, la Sidewinder acheva son périple dans les domaines du sultan de Brunei au large de la partie Nord de Bornéo, et elle commença à opérer dans le golfe Persique. Mais, pour remplacer la Sidewinder, la Southeastern-Zapata Drilling, une filiale pour un tiers, avait construit une nouvelle plate-forme au Japon pour le prix de quelque 6,5 millions de dollars, et cette plate-forme avait été acheminée jusqu’à la côte de Bornéo sous contrat avec Shell. La Nola III, de la Seacat Zapata, avait quitté le golfe Persique et opérait désormais dans le golfe de Tunis, d’où elle allait pouvoir gagner la côte de l’Ethiopie, sur la mer Rouge. La Vinegaroon travaillait au large de la Louisiane pour Chevron et une nouvelle plate-forme, appelée Rig 8 (= plate-forme 8, NdT), était également destinée au golfe du Mexique. Des opportunités semblaient imminentes en Australie, où la Zapata avait établi des relations particulières avec Oil Drilling and Exploration Ltd., une firme australienne.

In 1966, l’année où Bush déclare avoir quitté la direction de la Zapata pour se consacrer à temps plein à la politique, la Zapata connut une autre augmentation de ses gains par action. Selon le rapport annuel de la firme pour 1966, « ses nouveaux profits pour 1966 dépassaient les profits nets de plusieurs sociétés reprises dans Fortune 500 ». La valeur de la flotte de forage offshore de la Zaparta était estimée à 34 millions de dollars et le stock d’actions de la société se traitait désormais à l’American Stock Exchange. Avec le départ de George H.W. Bush en tant que président du conseil d’administration, le personnel de la société subit des remaniements profonds. En même temps que Bush, s’en alla son oncle maternel Herbie, alias G.H. Walker Jr., le PDG de la G.H. Walker and Co., New York. J.W. Gardner fut remplacé comme président par William H. Flynn. Le nouveau président du conseil d’administration et principal directeur exécutif était désormais D. Doyle Mize qui, avant cela, avait été simple membre de ce conseil. Les intérêts de l’Underwood, Neuhaus Co gardèrent leur siège au conseil de la Zapata, mais leur représentant, Milton R. Underwood, fut templacé par William Stamps Farrish III, le partenaire de chasse de Bush à Beeville et le petit-fils du directeur exécutif de la Standard Oil, qui avait été accusé d’avoir traité avec des firmes nazies. Furent également adjoints au conseil deux représentants des principales firmes juridiques de Houston, y compris R.P. Bushman de Vinson, Elkins, Weems et Searls, et B.J. Mackin de Baker, Botts, Shepherd et Coates. A en juger par la présence de Farrish et des avocats de Houston, nous pouvons conclure que, bien que Bush ait quitté la structure formelle de la Zapata, il disposait toujours de membres au conseil pour représenter ses intérêts, ce qui était très important vu la quantité d’actions de la Zapata qu’il continuait à détenir. Le seul New-Yorkais du conseil de l’après-Bush était également un nouveau visage, Michael M. Thomas, de la  Lehman Brothers.

Les nouvelles plates-formes de forage comprenaient l’Endeavour, la Heron et la Chapparal, plus une part de 60% sur une plate-forme flottante en forme de navire, au large de l’Australie. La Gulf Oil du Danemark avait signé un contrat de 9 millions de dollars pour une nouvelle plate-forme appelée la MAERSK EXPLORER, la première d’une nouvelle génération d’unités de forage de LeTourneau. La Chapparal était sous contrat pour AGIP, une filiale de la compagnie pétrolière iranienne d’Etat, ENI, pour des opérations dans la mer Adriatique. La Vinegaroon était sous contrat avec la Petrobras, du Brésil. Les activités de forage offshore de la Zapata, à ce moment, comprenaient des zones situées au large du Danemark, du Brésil, de l’Italie, de l’Angleterre, du golfe Persique, de l’Australie et de la Louisiane.

Se tournant vers le marché mondial du forage, la nouvelle direction de l’après-Bush proposait le survol suivant : « L’industrie du forage offshore, dans laquelle la Zapata est une participant de poids, a connu un changement substantiel de caractère et de taille ces cinq dernières années. Il y a cinq ans, presque toutes les plates-formes offshore opéraient dans une seule zone géographique, le golfe du Mexique. Aujourd’hui, six provinces offshore séparées ont fait leur apparition et proposent des preuves solides de la présence de dépôts d’hydrocarbures. »  Les horizons mondiaux étaient vastes : la gestion de la Zapata comptait dix-sept pays avec une production offshore de pétrole et de gaz déjà en cours, et cinquante autres pays qui prospectaient ou foraient en quête de pétrole. La capacité de la Zapata à opérer dans des endroits tels que la mer du Nord, l’Australie et le Koweït n’indique pas qu’une relation très étroite entre la firme et le cartel pétrolier des sept sœurs, mais d’une excellente introduction auprès du saint des saints de ce cartel, le noyau de la Royal Dutch Shell-British Petroleun, qui exerçait une influence décisive sur la politique et le planning des opérations en tous genres du cartel. La Royal Dutch Shell est par exemple la compagnie qui fit appel aux services de Lord Victor Rothschild pour sa planification future.

Le rapport annuel de la Zapata pour 1966 estimait qu’environ 50% des profits de la société venaient des opérations américaines, 20% de la mer du Nord, 10% du Moyen-Orient, 10% de l’Australie et 10% d’une filiale appelée Williams-McWilliams, qui effectuait des opérations de dragage dans le golfe du Mexique et dans le cours inférieur du Mississippi. On peut imaginer que George Bush, jusqu’à certain point, avait participé aux négociations ayant précédé à ces opérations. Pendant les années qu’il passa à la Zapata, il allait donc apparaître qu’il avait été à même d’étendre le panorama de ses activités depuis la zone cubano-caraïbe jusqu’au golfe Persique, d’autres parties du monde arabe, le Brésil, la Scandinavie et les eaux de l’Adriatique, entre l’Italie et la Yougoslavie.

    Comme les élections du Congrès de 1966 approchaient, Bush était optimiste à propos de ses chances d’être enfin élu. Cette fois, au lieu de nager à contre-courant du cataclysme Goldwater, Bush allait être favorisé par le réflexe classique des élections à moyen terme qui aide presque toujours les candidats au Congrès de parti qui n’est pas au pouvoir. Et LBJ à la Maison-Blanche était vulnérable sur pas mal de points, de l’escalade au Vietnam à la stagflation. L’auteur du tripatouillage électoral du nouveau district de Congrès de Houston avait fait son boulot parfaitement, de même que son glissement démagogique vers le « centre vital » du conservatisme modéré. Du fait que le district venait d’être constitué, il n’y aurait pas d’adversaire bien connu dans les pieds. Puis, par une de ces coïncidences parfaites et bienvenues qui semblent avoir émaillé l’existence de Bush, le seul obstacle entre celui-ci et l’élection était un conservateur démocrate troglodyte d’un type particulièrement affreux et vindicatif, le genre de personnage qui allait rendre plausible même un personnage comme Bush.  

Le démocrate en question était Frank Briscoe, un ancien district attorney. Selon le Texas Observer, « Frank Briscoe était l’un des procureurs les plus vicieux de l’histoire de Houston. En fait, il conservait une ‘liste des condamnations les plus recherchées’ à l’aide de laquelle il tenait le public au courant des possibilités que celui-ci avait d’être condamné malgré ses défenseurs, et d’être incarcéré ensuite. Aujourd’hui, en tant que candidat au Congrès, Briscoe se démène pour l’aile droite de Houston. Il est antidémocratique, hostile aux droits civiques, hostile à l’aide à l’étranger, hostile à la guerre contre la pauvreté. Le fait qu’il se donne lui-même du démocrate est extrêmement déplacé. » En contraste, du point de vue du même Texas Observer, « Son adversaire, George Bush, est un conservateur. Il est pour la guerre au Vietnam; il a été pour Goldwater, sans doute pas de gaieté de cœur, il n’est l’agitateur de personne. Pourtant, Bush est simplement civilisé dans les relations raciales et, pour l’instant, il rejette ouvertement l’aide de la John Birch Society. C’est l’un des cas où élire un républicain au Congrès aiderait à préserver l’équilibre bipartite du pays et, dans un même temps, à épargner au Texas l’embarras » d’avoir quelqu’un comme Briscoe pour se rendre à Washington.(5) Le lifting idéologique de Bush faisait de l’effet. « Je veux que le conservatisme soit sensible et dynamique, pas effrayé et réactionnaire », déclara Bush au Wall Street Journal.

Rétrospectivement, Briscoe apparaît sous les traits d’un candidat créé sur commande pour mettre en évidence le nouveau profil modéré de Bush et il y a des signes qui montrent que c’était précisément cela. Des sources à Houston rappellent qu’en 1966, il y avait un autre candidat démocrate pour le nouveau siège au Congrès, un démocrate modéré et attrayant appelé Wildenthal. Ces sources disent que les gens qui soutenaient Bush ont fourni un très important soutien financier à Briscoe lors de la campagne des primaires démocrates, avec, comme résultat, la défaite de Wildenthal face à Briscoe, préparant ainsi la course que Bush termina à son avantage. Un district sur mesure ne suffisait pas, pour George, il lui fallait également un opposant sur mesure, s’il voulait être élu – un fait qui peut avoir son importance dans l’évaluation finale de ce qui s’est passé en 1988.

L’un des points clés de différenciation entre Bush et Briscoe concernait la race. Le district comptait environ 15% de population noire, mais y pratiquer des brèches parmi les démocrates notoires serait d’une importance décisive pour le camp du GOP. Bush s’assura qu’on l’avait bien vu sponsoriser une équipe noire de base-ball, et il parla beaucoup de son travail pour United Negro College Fund, lorsqu’il était à Yale. Il déclara à la presse que les agitateurs du « black power » n’étaient pas un problème parmi les noirs les plus responsables de Houston. « Je pense que les jours sont révolus », faisait remarquer Bush, « pour que nous puissions nous permettre un district blanc comme lis. Je ne vais pas tenter de susciter la réaction des blancs. Je vais de pair avec les années 60. » Bush endossa même une fonction dans l’appareil anti-pauvreté de l’Office of Economic Opportunity (Bureau des Chances économiques) de la ville. Il soutint le lancement du projet principal. En contraste, Briscoe « accusa » Bush de courtiser le soutien des noirs et lui rappela que d’autres congressistes texans avaient voté contre la législation des droits civiques lorsqu’on l’avait soumise au Congrès. Briscoe s’était mis sur le dos des pans entiers de la communauté noire par son soutien incessant de la peine de morts dans les cas impliquant des noirs accusés de meurtre. Selon le New York Times, « Les dirigeants noirs ont monté toute une campagne tranquille afin d’obtenir que les noirs votent pour Bush. »

Les publicités de la campagne de Briscoe insistaient sur le fait qu’il était un homme de droite et un Texan et elles accusaient Bush d’être « le chouchou de la bande Lindsey (sic) – Jarvis », appuyé par les syndicats de travailleurs, les professeurs libéraux, les républicains libéraux et les journalistes syndiqués chez les libéraux. Briscoe était fier du soutien qu’il recevait de la part du gouverneur John Connally et du Comité d’Action conservateur, un groupe local de droite. Un soutien à Bush qui valut pas mal de difficultés à Briscoe, ce fut celui du mentor de Bush, Richard M. Nixon. En 1966, Nixon préparait son come-back, il avait résisté à la quasi-dépression nerveuse qu’il avait subie après avoir perdu sa course au poste de gouverneur de la Californie, en 1962. Nixon était désormais dans le course consistant à rassembler les délégués qui allaient lui conférer la nomination présidentielle du GOP, à Miami, en 1968. Nixon était venu à Houston et il avait fait apparitions de campagne pour Bush, comme il l’avait déjà fait en 1964.

Bush avait engagé un nouveau groupe d’agents et de publicitaires pour sa course de 1966. Son directeur de campagne était Jim Allison, de Midland. Harry Treleaven fut engagé pour orchestrer la campagne de Bush.

Treleaven avait travaillé à la J. Walter Thompson Advertising Agency à New York City, mais il avait obtenu un congé de J. Walter pour aller travailler au service de Bush, au Texas. Chez J. Walter Thompson, Treleaven avait vendu les produits de la Pan American, RCA, Ford ainsi que les cigarettes Lark. Il était attiré par Bush parce qu’il avait plein d’argent et qu’il voulait le dépenser avec largesse. Après la fin de la campagne, Treleaven rédigea un long mémorandum sur tout ce qu’il avait réalisé. Il l’appela « Upset: The Story of a Modern Political Campaign » (Un grand changement : l’histoire d’une campagne politique moderne). L’un des points fondamentaux dans la façon dont s’y était pris Treleaven pour vendre Bush, c’était que les sujets de discussion et les questions politiques n’allaient jouer aucun rôle. « La plupart des questions nationales aujourd’hui sont tellement compliquées, si difficiles à comprendre, que les avis les concernant soit intimident soit, plus souvent, ennuient l’électeur moyen… Peu d’hommes politiques reconnaissent ce fait. » Dans son mémorandum, Treleaven décrit comment il a parcouru la région de Houston durant l’été chaud de 1966 et comment il a demandé aux gens ce qu’ils pensaient de George Bush. Il découvrit que bon nombre d’entre ces personnes estimaient que Bush « était un personnage extrêmement attachant », mais qu ‘il « Y avait des imprécisions quant à ses positions politiques exactes ».

Pour Treleaven, il s’agissait d’une situation idéale. « Il y aura peu d’occasions de persuasion logique, ce qui est parfait – parce qu’il est probablement que davantage de gens voteront pour des raisons irrationnelles, émotionnelles que ne s’y attendent les politiciens professionnels. » L’approche de Treleaven s’appuyait sur le fait que « les hommes politiques sont des célébrités ». Treleaven injecta 85% de l’important budget de campagne de Bush dans la publicité, dont 59% pour la télévision. Les publicités dans les journaux représentaient, elles, 3% de ce budget. Treleaven savait que Bush était derrière, dans les sondages. « Nous pouvons transformer cela en avantage », écrivit-il, « en créant une image ‘d’outsider combatif’. Bush doit convaincre les électeurs qu’il veut réellement être élu et qu’il travaille très dur pour obtenir leurs voix. Les gens ont de la sympathie pour un homme qui fournit de gros efforts : ils sont également flattés de ce que quelqu’un tente réellement d’obtenir leurs voix. Par conséquent, Bush doit être présenté comme un homme qui se vide les tripes pour gagner. »

Voici comment Joe McGinnis récapitula les publicités télévisées qui en résultèrent : « A tout bout de champ, sur le moindre récepteur de télévision de Houston, on pouvait voir George Bush, la veste en travers de son épaule, les manches retroussées, parcourant les rues de son district, souriant, fronçant le sourcil, transpirant, faisant savoir à l’électeur que son intérêt était éveillé. Mais à propos de quoi, on ne l’a jamais su exactement. »(7)

Pris en main par ces marchands de vent professionnels, Bush agissait dans le sens du courant, avec élégance, et conciliant comme il savait l’être. Lors d’un échange avec Briscoe dans le Houston Chronicle quelques jours avant l’élection, il se déclara en faveur « du droit de tout un chacun de s’affilier à un syndicat et de faire grève mais , en outre, je serais partisan d’une législation honnête qui veillerait à ce qu’aucune grève ne puisse entraver le fonctionnement de cette nation et compromettre le bien-être général ». Mais il était également partisan de la loi sur le droit au travail. Bush soutenait « l’actuelle position au Vietnam » de LBJ, ajoutant : « J’aimerais qu’une Conférence pan-asiatique se réunisse pour tenter de régler cette horrible guerre. La direction républicaine, le président Johnson, le secrétaire Rush et pour ainsi dire tout le monde, sauf les véritables ‘colombes’, soutiennent cette position. » Bush était contre « la suppression du contrôle armé ». Briscoe voulait mettre un terme aux « dépenses domestiques extravagantes » et pensait que l’on pouvait dénicher de l’argent en obligeant la France et l’URSS à payer enfin leurs dettes de guerre des deux précédentes guerres mondiales !  

Quand il fut question du renouveau urbain, Bush parla au nom de la Charles Percy National Home Ownership Foundation (Fondation nationale C.P. de la propriété du logement), quk portait le nom d’un éminent sénateur républicain de tendance libérale. Bush voulait placer l’accent fédéral sur des choses telles que « la réhabilitation des vieilles demeures ». « Je suis partisan du concept d’option locale sur le renouveau urbain. Laissez les gens décider », disait-il, avec un léger signe de tête en direction de la Nouvelle Gauche naissante.  

Dans les publicités de campagne de Bush, il invitait les électeurs à « prendre quelques minutes et voir si vous n’êtes pas d’accord avec moi sur six questions importantes », y compris le Vietnam, l’inflation, la désobéissance civile, l’emploi, le droit de vote et « l’extrémisme » (Bush était hostile à l’extrême droite et à l’extrême gauche). Et c’était George, présenté comme « un homme d’affaires prospère… un leader des droits civiques… un voyageur du monde… un héros de la guerre », nu-tête dans une chemise blanche, cravaté, avec sa veste jetée par-dessus l’épaule à la mode post-Kennedy.
Dans le contexte d’une tendance pro-GOP qui installa 59 nouveaux congressistes républicains à la Chambre, soit le plus gros afflux en deux décennies, l’approche calculée de Bush fonctionna parfaitement. Bush obtint quelque 35% des votes noirs, 44% des votes des campagnards ruraux généralement prudents et 70% dans le seul faubourg de River Oaks. Mais sa marge n’était pas large pour autant : Bush obtint 58% des votes du district. Bob Gray, le candidat du Parti de la Constitution, obtint moins de 1% des suffrages. En dépit du rôle des électeurs noirs dans cette victoire étroite, Bush ne put s’empêcher de sa plaindre, plus tard, dans son autobiographie de campagne, en 1987 : « S’il y a eu un aspect décevant dans ce vote, c’est d’avoir été débordé dans les circonscriptions noires, en dépit d’une débauche d’efforts pour attirer les électeurs noirs. C’était à la fois déconcertant et frustrant. » (6) Après tout, se plaignait encore Bush, il avait déposé les fonds du GOP dans une banque noire lorsqu’il était secrétaire du parti; il avait ouvert un bureau du parti nanti d’une équipe à temps plein près d’un collège noir du Sud du Texas; il avait travaillé en relation étroite avec Bill Trent, de l’United Negro College Fund, et tout ça n’avait servi à rien, estimait Bush. Nombre d’électeurs noirs n’avaient pas été préparés à récompenser la grandeur d’âme de Bush et cela le mettait dans un état de rage folle, qu’il ait déjà eu, en 1966, des excès de fonctionnement du côté de la thyroïde ou pas.

Lorsque Bush arriva à Washington, en janvier 1967, les réseaux Brown Brothers Harriman firent savoir que Bush était le premier membre frais émoulu de la Chambre, de quelque parti que ce soit, à se voir attribuer un siège au Ways and Means Committee (Commission du Budget) depuis 1904. Et il y arriva, il convient de le rappeler, en tant que membre d’un parti minoritaire, à une époque où un Congressiste frais émoulu était censé être vu et non entendu. La Commission du Budget, dans ces années, était toujours un véritable centre du pouvoir, l’un des endroits les plus stratégiques de la Chambre, en compagnie de la Commission des Réglementations et de quelques autres. En vertu d’une stipulation de la Constitution, toute la législation en matière d’impôts et de taxes devait émaner de la Chambre des Représentants et, vu les traditions dans l’organisation des commissions, tous les projets de lois en matière d’impôts devaient émaner de la Commission du Budget. Outre l’importance nationale des tâches dévolues à cette commission, le Budget veillait à ce que la législation s’applique à des problèmes vitaux pour le Texas et autres districts, telles les tolérances accordées vu la diminution des réserves de pétrole et de gaz et autres questions du même genre.

Plus tard, des auteurs se sont étonnés de ce Bush fût parvenu à obtenir un poste au Budget. Pour John R. Knaggs, cela reflétait « le grand potentiel que les républicains nationaux réservaient pour George Bush ». Le Houston Chronicle, qui avait soutenu Briscoe dans ces élections, estimait qu’avec cette désignation, « le GOP était en mesure de mettre en exergue au niveau de l’Etat l’avantage d’un système bipartite ».(8)

Dans ce cas, au contraire de bien d’autres, nous sommes en mesure d’établir comment la main invisible des Skull and Bones a fonctionné, en fait, pour procurer à Bush ce poste important, une mine d’or sur le plan politique. C’est dû à l’indiscrétion de l’homme qui fut le président de la Commission du Budget durant tant d’années, le congressiste démocrate Wilbur D. Mills, de l’Arkansas. Mills avait été viré de son poste à cause d’un problème d’alcoolisme et, plus tard, il trouva du travail en tant qu’avocat pour une firme juridique s’occupant d’impôts. Interrogé à propos de la nomination de Bush au sein du comité qu’il contrôlait encore en 1967, Miklls déclara : « C’est moi qui l’y ai mis. J’avais reçu un coup de fil de son père me disant à quel point la chose lui importait. Je lui avais répondu que j’étais un démocrate et que c’était aux républicains de décider, et il me dit à son tour que les républicains allaient le faire si je le demandais à Jerry Ford. » Mills déclara qu’il avait demandé à Ford et à John W. Byrnes du Wisconsin, qui était le républicain le plus important au Budget, et Bush avait pu entrer, grâce une fois de plus aux appuis de guerre de papa, Prescott Bush.(9)

Wilbur Mills peut s’être attiré un tas d’ennuis par la suite en ne traitant pas toujours George Bush avec le respect qui lui était dû. En raison de l’obsession de Bush à propos du contrôle de naissance dans les classes inférieures, Mills colla à Bush le surnom de « Rubbers » (gants ou bottes en caoutchouc) qui lui colla à la peau tout le temps qu’il passa au Congrès.(10) Cela ne faisait pas particulièrement rire Poppy Bush. Un jour ou l’autre, Mills pourrait être amené à réfléchir, comme tant d’autres l’ont fait, à propos de la rancune tenace de Bush. 

En une occasion, Mills prolongea l’interrogatoire de Walther Reuther de UAW, lequel avait comparu comme témoin dans des audiences de la commission, afin que George Bush puisse poser quelques questions et se présenter à son avantage face à la presse de sa propre ville. La carrière publique de Mills fut détruite durant la présidence de Ford, un jour où, ivre, on le surprit en train de faire des cabrioles en compagnie de la danseuse Fanny Foxe. L’affaire s’était produite à une époque où les commissions Church et Pike du Congrès s’en étaient prises vertement à la CIA et où George Bush était sur le point de reprendre cette même CIA en tant que directeur. La chute de Wilbur Mills, conjointement au scandale du Koreagate concernant le colportage supposé de l’influence du Congrès, se révéla en son temps comme une vengeance destinée à frapper le Congrès qui se tenait sur la défensive.

George et Barbara prétendent avoir acheté par téléphone et sans l’avoir vue une maison à Hillbrook Lane, dans la partie Nord-Ouest de Washington, laquelle maison appartenait au sénateur du Wyoming, Milward Simpson, père du sénateur Al Simpson, à l’époque le fer de lance de la minorité GOP. Plus tard, la famille déménagea pour Palisade Lane.

Le bureau de Bush au Congrès, dans le Longworth Building, était géré par son assistance administrative Rose Zamaria, tandis que Pete Roussel remplissait les fonctions de secrétaire de presse et que Jim Allison et Aleene Smith faisaient également partie de l’équipe. Bush raconte que ses plus proches amis du moment étaient entre autres Bill Steiger, du Wisconsin, le républicain Sonny Mongomery, du Mississippi, le républicain libéral Barber Conable, de New York (plus tard attaqué sous le surnom de «Barbarian Cannibal» dans plusieurs pays en voie de développement quand il fut président de la Banque mondiale durant les années Reagan-Bush), Tom Kleppe, du Dakota du Nord, et John Paul Hammerschmidt, de l’Arkansas, un allié durant de très longues années. 
    En janvier 1968, LBJ adressa au Congrès son discours sur l’Etat de l’Union, bien que l’offensive de nouvel  du Vietcong ébranlât fortement sa politique de guerre au Vietnam. La réponse républicaine vint dans une série de brèves déclarations émanant de l’ancien président Eisenhower, du chef de la faction minoritaire de la Chambre, Jerry (Gerald) Ford, du républicain Melvin Laird, du sénateur Howard Baker et d’autres membres du Congrès. Un autre fait à mettre sur le compte des efforts des réseaux Prescott Bush-Skull and Bones, ce fut que, parmi cet étalage de sommités républicaines apparues en ce moment, la joue tendue et le poing serré pour mieux frapper sur la table, figurait également le républicain George Bush.  

L’administration Johnson avait prétendu que des mesures d’austérité n’étaient pas nécessaires durant le temps où la guerre du Vietnam se poursuivrait. LBJ avait promis au peuple « des canons et du beurre » mais, aujourd’hui, l’économie entrait progressivement dans une phase de récession. En général, durant toutes ces années, dans ses déclarations publiques, Bush ne cessa de réclamer pour que l’administration démocrate impose des mesures spécifiques d’austérité et qu’elle remplace les programmes à grosses dépenses par une réduction rigoureuse et appropriée des déficits. Voici ce que Bush déclara au cours d’une émission de télévision diffusée dans la nation tout entière, le 23 janvier 1968 :

« Cette année, tout comme l’an dernier, la nation doit affronter un déficit terrible dans le budget fédéral mais, dans le message présidentiel, il n’y avait aucun sentiment de sacrifice de la part du gouvernement, aucune indication de priorités, aucun détail sur la nécessité de mettre en exergue des priorités. Et cette politique téméraire a imposé aux citoyens des taxes cruelles consistant en une hausse des prix, en des niveaux d’intérêts encore jamais atteints en cent ans, elle a réduit le taux réel de croissance économique et a mis sur le dos de chaque homme, femme et enfant de l’Amérique le plus gros fardeau de taxes de notre histoire.

« Et que dit le président ? Il dit que nous devons payer encore plus de taxes et il propose des restrictions draconiennes sur les droits des Américains à investir et à voyager à l’étranger. Si le président veut contrôler l’inflation, il doit réduire les dépenses fédérales et la meilleure manière d’arrêter cette hémorragie colossale est de vivre dans les limites de nos moyens, dans ce pays. » (11)

Ceux qui voulaient lire à distance sur les lèvres de Bush à cette époque estimaient qu’il défendait en effet une sorte d’austérité. En mai 1968, quand Johnson n’était déjà plus qu’un canard boiteux, la Commission du Budget approuvait ce qu’on a surnommé à Capitol Hill les mesures de contrôle du déficit « 10-8-4 ». Celles-ci commandaient une hausse des taxes de 10 milliards de dollars l’an, accouplée à une réduction de 4 milliards dans les dépenses. Bush s’associa à quatre républicains de la Commission du Budget (dont Conable, Schneebeli et Battin) pour approuver ces mesures.(12)

Mais le principal centre d’attention des activités de Bush durant son mandat à la Chambre des représentants tournait autour d’un projet bien plus sinistre et à portée bien plus grande que la simple imposition de l’austérité budgétaire, aussi néfaste qu’eût pu être cette exigence à l’époque. Avec une volonté modelée par les idées sur la population, la race et le développement économique dont nous avons vu qu’elles étaient courantes dans l’entourage de Prescott, à la Brown Brothers, Harriman, George Bush allait dorénavant se muer en  protagoniste dans une série de changements institutionnels qui allaient contribuer à leur tour à la dégradation générale du paradigme culturel de la civilisation occidentale qui apparaissait à la fin des années 60.

La toile de fond de cette transformation au sein de la matrice culturelle de l’Amérique du Nord, de l’Europe occidentale et du reste du monde fut la fin du boom économique mondial de l’après-guerre qui avait commencé à la fin des années 40. L’expansion de l’économie américaine s’était essoufflée à l’époque de la récession de 1958, bien qu’elle ait été relancée à un certain point par l’impulsion apportée au programme spatial par l’administration Kennedy. Mais même avant que les astronautes d’Apollo n’aient posé un pied sur la lune, la NASA était sur le point d’être étripée par les comptables des finances du régime Johnson. Cdans les années 60, les structures du capital américain étaient soutenues sur base d’une série d’investissements en Europe occidentale, mais les récessions en Italie et en Allemagne fédérale, en 1964 et 1966, furent le signal de ce que le boum de la reconstruction de l’après-guerre était terminé. En automne 1967, quelques mois après l’entrée de Bush au Congrès, l’agonie finale de la livre sterling britannique en tant que devise de réserve s’était emparée des échanges de devises à travers le monde. Au printemps 1968, la crise de l’or et du dollar allait amener le système monétaire mondial tout entier au bord d’un effondrement général. Le monde commençait à vivre les premiers paroxysmes de l’effondrement du système monétaire de Bretton Woods, effondrement qui allait devenir officiel à Camp David, le 15 août 1971, avec l’annonce par Nixon de la fin de la convertibilité en or du dollar et la proclamation de la « Phase Un » d’une austérité sur les salaires et le blocage des prix qui allait frapper le monde américain du travail.(13)

Pour comprendre les actions de Bush durant ces années, nous devons comprendre les réactions hautement subjectives, au point de se muer en idéologie, de l’oligarchie financière anglo-américaine à ces événements. De la même façon que nous avons vu ces choses se refléter dans la mentalité d’Averell Harriman et de Prescott Bush, l’élite financière anglo-américaine est fondamentalement hostile au développement industriel et technologique moderne et à la vie urbaine moderne sur une large échelle. Les espoirs de l’élite anglo-américaine concernant le monde de l’après-guerre ont été exprimés dans le Plan Morgenthau en vue de la destruction de l’industrie allemande et du dépeuplement de l’Europe centrale. Ces plans se sont révélés irréalisables à la lumière de la menace soviétique pour l’Europe et l’oligarchie a été obligée d’accepter une reconstruction européenne d’après-guerre, très lucrative pour Wall Street, brutalement austère pour l’Allemagne, et qui allait tenir les Soviétiques au large pour toute la durée de la guerre froide. Mais même dans le contexte du boum de l’après-guerre, la disposition malthusienne de l’oligarchie demeura telle qu’elle est exprimée dans le pillage accéléré de l’ancien secteur colonial, dans les rapines du cartel pétrolier et le sabotage de l’expansion industrielle et infrastructurelle à l’intérieur même des Etats-Unis au point que le trafic allait s’en ressentir gravement. Comme le boum d’après-guerre montrait des signes d’épuisement, à la fin des années 60, l’élite oligarchique sentit que le moment était venu d’affirmer de façon plus agressive encore son offensive malthusienne.

Pour les oligarques financiers anglo-américains, les problèmes dominants du monde, à l’époque comme de nos jours, pouvaient se résumer sous deux titre : la surpopulation, principalement parmi les groupes ethniques non blancs de la planète, et la pollution industrielle. Il fallait chercher les remèdes, à l’époque comme aujourd’hui, dans la limitation de la croissance démographique ou, mieux encore, dans la réduction de la population existante là où c’était possible, tout en ralentissant fortement l’industrie. De la sorte, l’oligarchie cherchait de retourner à son monde de rêve bucolique et médiéval et plus particulièrement vers une psychologie de masse dégradée et servile particulièrement agréable aux formes oligarchiques de domination. Car des oligarques comme Bush sont bien conscients de ce qu’il n’y a que deux façons d’organiser les affaires humaines, à savoir le modèle républicain et le modèle oligarchique. Le modèle républicain dépend de la présence des citoyens – des gens bien éduqués, orientés vers la technologie, mûrs et courageux qui veulent penser pour eux-mêmes. Les formes oligarchiques fonctionnent le mieux dans la présence d’une masse culturellement pessimistes, hédoniste, superstitieuse de témoins passifs des événements qui se jouent.                                                                                         

Par conséquent, à la fin des années 60, les financiers de Londres et leurs homologues de Wall Street libérèrent des fonds en abondance pour des projets comme la Triple Révolution, qui proposait la transition, aujourd’hui réalisée, d’une société productive vers une société post-industrielle, ou encore la fondation, en 1968, du Club de Rome et de son absurde bobard de « limitations au développement », quelques années plus tard, ce fleuron international du revival malthusien. Ce que l’oligarchie envisageait, ce n’était pas simplement un ajustement mineur de l’esprit du temps : l’écologisation du paradigme culturel occidental rendait obligatoire l’érosion rapide des impératifs de soumission et de maîtrise de la nature contenus dans le premier livre de la Genèse, la démolition des croyances en l’éducation, la science et le progrès qui avaient animé la philosophie et la construction de la nation de saint Augustin,  Charlemagne, la Renaissance italienne, Leibnitz, Franklin et la Révolution américaine.  

La réalisation de cette intention aux Etats-Unis mêmes dicta le démantèlement d’une structure politique reposant sur la constitution qui garantissait que le but du gouvernement était de gérer le développement économique et de distribuer équitablement les  fruits du progrès matériel et culturel. Ceci dut être remplacé par un régime autoritaire et totalitaire dont la principale fonction consistait à imposer l’austérité et des sacrifices. La malthusianisme aux Etats-Unis mêmes a également généré des problèmes à l’étranger, auxquels le NCS de Kissinger, ainsi que son département d’Etat se montrèrent extrêmement sensibles. Bien que l’oligarchie malthusienne cherchât à nier que la croissance de l’industrie et de la population représentaient un réel pouvoir, ils furent bien en peine de ralentir la croissance démographique et industrielle à l’étranger, et ce, en recourant à toutes sortes de prétextes les plus creux. Alexander King, l’un des fondateurs, en compagnie d’Aurelio Peccei, du Club de Rome, admit un jour que le véritable but de son institution était de bloquer l’expansion démographique des peuples non blancs de la planète. Pour Prescott Bush et George Bush, le dépeuplement du tiers monde, le génocide des populations non blanches, constituaient et constituent l’obsession dévorante de toute une existence.

Quelle que soit la définition qu’un raciste comme Bush puisse proposer, la race blanche ou, plus précisément, la race anglo-saxonne, est une infime minorité décroissante de l’humanité. Néanmoins, l’impératif compulsif des financiers de Londres et New York réside dans leur engagement profond envers la domination de la planète par les Anglo-saxons. Cela signifie que les financiers estiment que les non-Blancs et les non-Anglo-saxons doivent être empêchés de se multiplier à l’intérieur de leur patrie impériale et, si possible, d’être décimés, de façon à éviter les défis adressés au pouvoir financier anglo-saxon. En dehors des frontières américaines, l’élite anglo-américaine prescrit la guerre, la famine et les maladies pestilentielles pour faire des coupes sombres dans les races brunes, noires, rouges et jaunes de façon à réduire leur potentiel militaire et économique. Si possible, estiment encore les oligarques, les populations non blanches des zones où se trouvent de grandes richesses pétrolières et autres matières premières stratégiques devraient être éliminées complètement de sorte que ces zones puissent être recolonisées par la race maîtresse des Anglo-Saxons, qui profiteront ainsi, à l’avenir, de ces matières premières. Tels sont les points autour desquels nous voyons George Bush à l’action durant ses années de présence au Congrès.

L’économie selon Malthus, le Club de Rome et l’économiste de Yale, George Bush, conduit inexorablement à la dépression mondiale et à l’éclatement d’une crise économique si sévère qu’elle va faire courir les pires dangers aux perspectives futures de la civilisation mondiale. Les croyances les plus fanatiquement défendues de Bush concernant la supériorité de la race anglo-saxonne sont également grotesques et vouées à l’échec. Les êtres humains n’ont pas d’identité génético-raciale. Les êtres humains appartiennent à des cultures, qui sont apprises dès que les enfants sont suivis à la maison et éduqués dans des écoles, mais qui n’ont rien à voir avec l’hérédité ou le sang, comme le montre de façon impressionnante l’expérience américaine elle-même dans ses meilleures époques. En effet, il n’existe pas de race comme cela peut exister parmi les chiens et les chevaux. Parmi ces animaux, la race définit un répertoire figé de comportements et de réactions, une disposition mentale fixe qui exclut les changements que l’éducation pourrait engendrer. Parmi les êtres humains, c’est exactement le contraire : tout enfant de quelque couleur ou contexte ethnique qu’il soit, s’il est placé en bas âge dans une famille d’une différente couleur ou d’une autre langue, va invariablement être acculturé dans la civilisation de sa nouvelle famille. Ceci reflète l’universalité de la personnalité humaine au-delà de toutes distinctions de race, de couleur, de religion, de culture et de nationalité, et cela prouve la thèse de la Déclaration d’Indépendance qui dit que tous les hommes ont été créés égaux. L’universalité du christianisme apostolique en tant que religion mondiale cherchant à s’adresser à tous les groupes ethniques de la planète sans exception est exprimée dans l’idée que chaque être humain concret est très pratiquement l’image vivante de Dieu et qu’aucune différence de couleur ou de « race » ne modifiera cela le moins du monde. 

La pensée oligarchique rejette tout ceci. Historiquement, les oligarques ont toujours été obsédés par la justification et la perpétuation de la domination irrationnelle et destructive d’une aristocratie féodale, généralement sous la forme d’une noblesse titrée gouvernant par le biais de pratiques bancaires usuraires, de services secrets de renseignements, du militarisme et aux dépens des progrès de l’humanité. Si la personnalité humaine, en effet, est universelle, il n’existe dans ce cas rien qui ressemble à une aristocratie héréditaire et le concept de l’oligarchie lui-même est fortement compromis. Mais les aristocrates féodaux, élevant des chevaux et des chiens comme symboles de leur statut, sont souvent assez imbéciles pour penser qu’ils sont devenus des autorités sur le plan de la génétique humaine.(14)

Il y a aussi une raison pour laquelle les élitistes américains comme les Harriman, les Bush et d’autres sont devenus de tels fanatiques de l’eugénisme et de la réduction de la population. Cela a trait à la position de ces familles en tant que parvenus virtuels au sein de la hiérarchie anglo-américaine, elle-même composée de parvenus. Afin d’avoir un certain standing au sein de l’oligarchie, il est nécessaire d’avoir un titre de noblesse remontant au moins à un siècle ou deux, et quatre ou cinq cents ans sont encore préférables. Cela met des familles comme les Harriman et les Bush dans de véritables frénésies du statut. Lorsque W. Averell Harriman était un enfant, le président Théodore Roosevelt s’en prit publiquement à son père, le constructeur ferroviaire E.J. Harriman, le désignant comme un baron détrousseur et une menace publique pour le pays. Un associé de W. Averell Harriman au département d’Etat raconta un jour son impression de ce que le jeune Harriman et le reste de sa famille n’avaient jamais pu surmonter l’humiliation colossale de cet incident. Ce fait intéressant jette une lumière sur les incessants efforts de la mère d’Averell pour acheter le statut et la respectabilité de la famille en finançant des recherches eugéniques afin d’enquêter sur les tendances criminelles de ces incorrigibles ordres inférieurs et autres déficients mentaux. Par implication, les Harriman étaient donc une race à part. Cela a également contribué à expliqué que l’associé en question ait décrit l’histoire de toute la vie d’Averell comme celle d’un menteur invétéré chaque fois qu’une situation apparaissait dans laquelle il pouvait en mentant améliorer son image aux détriments d’autrui.                                                                                                Bien que peut-être impressionnant à l’aune américaine, le pedigree de George Bush  révèle ses faiblesses profondes quand on l’examine dans le cadre de référence de l’oligarchie anglo-américaine du 20e siècle, de part et d’autre de l’Atlantique, et cela a sans aucun doute insufflé un regain de fanatisme dans la recherche obsessionnelle, de la part de George Bush, d’une pureté raciale dans les couloirs du Congrès.

En 1969, Bush déclara à la Chambre des Représentants que, « à moins que l’on ne reconnaisse et soit à même de gérer la menace de la croissance de la population humaine, les épidémies et la guerre résoudront ce problème pour nous ». A plusieurs reprises, Bush compara la croissance démographique à une maladie. Dans des remarques adressées à la Chambre, le 30 juillet 1969, il comparait le combat contre le virus de la polio à une croisade visant à réduire la population mondiale. Pressant le gouvernement fédéral à accroître ses efforts de contrôle démographique, il déclara : « Nous avons un précédent qui saute aux yeux : Quand on a découvert le vaccin de Salk, on a mis sur pied d’importants programmes afin de le distribuer. Je ne vois pas de raison de ne pas instaurer, aux Etats-Unis et à grande échelle, des programmes similaires d’aide à l’éducation et au planning familial. »

Jessica Mathews, vice-présidente de l’une des équipes favorables à la croissance zéro les plus influentes de Washinton, écrivait ceci sur Bush, durant ces années : « Dans les années 1960 et 1970, Bush avait non seulement embrassé la cause du planning familial sur le plan intérieur et international, mais il avait également cherché, et de façon agressive, à en être le champion. (...) En tant que membre de la Commission budgétaire, le républicain Bush pilota, en 1967, la première percée majeure de la législation en matière de planning familial domestique »et « plus tard, il fut le coauteur de la législation communément appelée Titre X, qui créa le premier programme fédéral de planning familial (...) »

« Sur le plan international », écrit encore Matthews, Bush « recommanda que les Etats-Unis soutiennent le fonds de la population des Nations unies. (...) Il insista, dans les termes les plus forts, pour que les Etats-Unis et les pays européens rendent les contraceptifs modernes disponibles ‘à une échelle massive’ pour tous ceux, partout dans le monde qui en voulaient. » 

Bush faisait partie d’un petit groupe de membres du congrès qui conspirèrent avec succès pour forcer un glissement profond dans l’attitude et la politique officielle des Etats-Unis à l’égard de l’expansion démographique. Adoptant comme par vengeance l’idéologie de la « croissance démographique limitée », Bush et sa coterie, qui comprenait des démocrates ultra-libéraux comme le sénateur du Minnesota (à l’époque) Walter Mondale et le républicain James Scheuer (New York), oeuvrèrent à faire passer une législation qui institutionnalisait le contrôle de la population en tant que politique domestique et étrangère des Etats-Unis.

C’est en 1968 que Bush entama ses activités malthusiennes à la Chambre, l’année même où le pape Paul VI sortit son encyclique « Humanae Vitae », qui comportait un avertissement prophétique contre le danger de coercition par les gouvernements à des fins de contrôle démographique. Le pape écrivait : « Qu’il soit également considéré qu’une arme dangereuse pourrait être placée dans les mains d’autorités publiques ne tenant aucun compte d’exigences morales. (...) Qui empêchera des dirigeants de favoriser, voire même d’imposer à leur peuple, la méthode de contraception qu’ils considèrent comme étant la plus efficace ? » Pour les pays plus pauvres, avec un haut taux de croissance démographique, l’encyclique désignait la seule politique rationnelle et humaine : « Aucune solution à ces difficultés n’est acceptable quand elle fait violence à la dignité essentielle de l’homme. (...) La seule solution possible (...) est celle qui envisage le progrès social et économique à la fois des individus et de l’ensemble de la société humaine. (...) »

C’était un défi direct à la transformation du paradigme culturel que prônaient Bush et d’autres défenseurs d’une vision oligarchique du monde. Ce ne fut pas la première fois, et ce n’allait pas être la dernière non plus : Bush se livra à une attaque directe contre le Saint-Siège. Quelques jours à peine après la sortie de Humanae Vitae, Bush déclara :  « J’ai décidé d’accorder mon soutien vigoureux au contrôle de la population à la fois aux Etats-Unis et dans le monde. » Il lâcha également, à l’adresse du pape : « Pour ceux d’entre nous qui se sentent particulièrement concernés par ce problème, la récente encyclique était particulièrement décourageante. »

Au cours des quatre années qu’il passa au Congrès, Bush non seulement introduisait des éléments clés de la législation visant à imposer le contrôle de la population tant aux Etats-Unis qu’à l’étranger, il introduisit également, et sans discontinuer, dans les discussions du Congrès, des pages et des pages de propagande à propos de la menace de la croissance démographique et de l’infériorité des noirs, et il constitua un groupe d’action républicain spécial qui fonctionna en tant que forum destiné aux idéologues malthusiens les plus rabiques.

« Bush était vraiment en tête de front, sur la question de la population », déclarait récemment un militant du contrôle démographique à propos de cette période 1967-1971. « Il disait des choses que même nous hésitions très fort à dire ouvertement. »

Le fait que Bush, ouvertement, défendait en public les mesures gouvernementales vers une croissance démographique zéro, constituait une rupture radicale avec les politiques mises en place au sein de la bureaucratie fédérale jusqu’à cette époque. Le climat d’opinion qui régnait quelques années plus tôt à peine, en décembre 1959, est illustré par les commentaires du président Eisenhower, qui avait déclaré : « Le contrôle des naissances, ce n’est pas notre affaire. Je ne puis imaginer plus énergiquement un sujet qui soit encore moins une activité du ressort du politique ou du gouvernement. » 

En tant que membre du Congrès, Bush joua vraiment un rôle de plaque tournante, dans ce glissement. Peu de temps après son arrivée à Washington, il fit équipe avec son collègue républicain Herman Schneebeli pour proposer une série d’amendements à la Loi sur la Sécurité sociale afin de mettre une emphase prioritaire sur ce qu’on appelait par euphémisme les « services de planning familial ». Le but avoué de l’affaire consistait à réduire le nombre de naissances chez les femmes vivant d’indemnités sociales.

Les amendements de Bush et de Schneebeli reflétaient les conceptions malthusiano-génocidaires du Dr Alan Guttmacher, à l’époque président de Planned Parenthood (Parenté planifiée) et d’une protégée du fondateur de cette association, Margaret Sanger. Dans les années qui ont précédé le moment où la sinistre apparition du culte nazi de la science raciale et de l’eugénisme avait inhibé les appels publics en faveur de la défense de la « pureté génétique », Sanger avait déjà réclamé l’épuration des « inaptes » et des « races inférieures » et elle avait mené des campagnes vigoureuses en faveur de la stérilisation, de l’infanticide et de l’avortement, au nom de l’« amélioration de la race ».

Bien que, durant l’ère fasciste et immédiatement après, Planned Parenthood eût été forcée à mettre en sourdine la rhétorique raciste de Sanger en édulcorant le concept d’« amélioration de la race » en « planning familial » au bénéfice des pauvres et des noirs, le but fondamental de l’organisation, consistant à infléchir la croissance démographique chez les « indésirables », ne changea jamais vraiment. Bush affirma en public qu’il était d’accord « à mille pour-cent » avec Planned Parenthood

Au cours d’auditions autour des amendements de la sécurité sociale, Bush et son témoin Alan Guttmacher eurent la discussion suivante :

 

Bush. Y a-t-il opposition à Planned Parenthood de la part d’autres organisations ou groupes, ou de groupes des droits civiques ?

Guttmacher. Nous avons effectivement des problèmes. Nous nous trouvons dans une zone sensible, spécialement du côté du groupe nègre. Il y a certains éléments au sein du groupe nègre qui se rendent compte que nous essayons de maintenir leur nombre réduit. Nous sommes très sensibles à cela. Nous avons un département des relations communautaires dirigé par un travailleur social nègre très à même de tenter de traiter cette partie du problème. Cela, naturellement, nous cause pas mal de souci.

Bush. J’apprécie votre réponse. Pour rappel, j’aimerais dire que je suis à 1.000 pour-cent d’accord avec les objectifs de votre organisation. Je pense, peut-être plus que tout autre type d’organisation, vous pouvez faire plus dans le domaine de la pauvreté et de la santé mentale que tout autre groupe qui pourrait me venir à l’esprit. Je vous approuve.

Guttmacher [à Bush] : Puis-je vous utiliser comme porte-parole ?

 

Comme son père avant lui, Bush soutint Planned Parenthood à chaque occasion. Très régulièrement, il se levait à la Chambre pour louer le travail de l’organisation. En 1967, Bush demanda que « l’on oblige les institutions gouvernementales à travailler en collaboration plus étroite avec des instituions privées telles que Planned Parenthood ». Un an plus tard, il pressa les personnes intéressées par « les progrès de la cause du planning familial » à « appeler leur centre local de Planned Parenthood » afin de lui proposer « aide et soutien ». 

Les amendements de Bush et Schneebeli visaient à réduire le nombre de naissances chez les noirs et les blancs pauvres. La législation exigeait de la part de tous les récipiendaires d’indemnités de l’assistance, y compris les mères de jeunes enfants, qu’ils cherchent du travail, et elle contrecarrait toute augmentation de l’aide fédérale aux Etats dont la proportions d’enfants dépendant de l’assistance sociale était en hausse.

Réduire les budgets de l’aide sociale fut l’un des principaux soucis de Bush. Il encourageait fréquemment sa croisade en faveur du contrôle démographique par des appels à peine voilés au racisme à la Willie Horton. Parlant d’une augmentation des budgets d’aide dans une déclaration de juillet 1968, Bush se plaignit de ce que « nos charges nationales sur le plan de l’aide sociale augmentent de façon phénoménale ». Pire, mit-il en garde, il y avait bien trop d’enfants qui naissaient de mères vivant de l’aide sociale : « La partie en hausse la plus rapide des budgets d’aide est l’aide aux enfants assistés. A la fin de l’année fiscale 1968, un peu plus de 2 milliards de dollars auront été dépensés pour ces enfants assistés mais, d’ici l’année fiscale 1972, ce poste augmentera de 75 pour-cent. »

Bush insistait sur le fait qu’il naissait plus d’enfants dans les familles pauvres non blanches que dans les familles blanches. Les noirs doivent reconnaître, disait-il, « qu’ils ne peuvent espérer acquérir une part plus importante de la prospérité américaine sans freiner considérablement leurs naissances. » 

 

On croyait qu’obliger les mères assistées à chercher du travail était un moyen efficace pour réduire le nombre de naissances noires et Bush soutint un certain nombre de mesures en ce sens. En 1970, il aida à diriger le combat à la Chambre pour faire passer le fameux projet de loi du président Nixon sur l’aide sociale, le Family Assistance Program, connu sous les initiales FAP. Considérée comme un avantage pour les pauvres, parce qu’elle fournissait un revenu plancher, la mesure invitait tout ayant-droit physiquement apte, à l’exception des mères avec des enfants de moins de six ans, à prendre un travail. Le projet de loi ne tarda pas à être surnommé le « projet de mise au travail forcé de Nixon ». Les théoriciens monétaires de l’austérité économique comprirent très rapidement que le travail forcé imposé aux ayants droit sociaux pouvait être utilisé pour briser les syndicats là où ils existaient, tout en réduisant les salaires et en détériorant les conditions de travail de toute la main-d’œuvre ouvrière. Les ayants droit sociaux pouvaient même être embauchés comme jaunes pour remplacer les travailleurs payés selon les barèmes salariaux normaux. Ces travailleurs, après avoir été licenciés, allaient eux-mêmes finir dans la pauvreté et émarger à l’aide sociale et pourraient ensuite être forcés de travailler pour des salaires même plus bas que ceux qui avaient été des assistés sociaux lorsqu’on avait enclenché le processus. C’est ce qu’on appela le « recyclage ».

Les critiques à l’encontre de cette loi de mise au travail forcé de Nixon firent remarquer qu’elle ne contenait aucune norme minimale quand aux genres de travail et aux barèmes salariaux qui allaient être imposés aux bénéficiaires de l’aide sociale et que cela contredisait le but original de l’aide sociale, qui était de permettre aux mères de rester chez elles avec leurs enfants. En outre, elle allait instaurer une réserve en main-d’œuvre d’esclaves virtuels, laquelle pourrait être utilisée pour remplacer des travailleurs à salaires plus élevés.

Mais Bush estimait que ces mesures sévères étaient précisément ce qu’il fallait pour enrayer l’explosion des budgets du bien-être social. Au cours du débat à la Chambre concernant cette mesure, le 15 avril 1970, Bush déclara qu’il les approuvait parce qu’elle forçait les fainéants à travailler : « Le plan d’assistance familiale (...) est orienté vers le travail », déclara-t-il. « L’actuel système fédéral d’aise sociale encourage la paresse en la rendant plus avantageuse d’y être que de travailler, et il ne fournit aucune méthode par laquelle l’Etat pourrait limiter le nombre d’individus ajouté sur les listes de paiement. »

Bush n’avait qu’« un souci majeur, et c’était que les mesures d’incitation au travail n’allaient pas être appliquées. (...) il est essentiel que le programme soit administré et supervisé par la Commission du Budget; à savoir que, si un individu ne travaille pas, il ne recevra pas de fonds. » C’était la loi de fer de l’école de Manchester sur les salaires, telle que la défendait George Bush, expert autoproclamé en sciences économiques...

En 1967, Bush s’associa au républicain James Scheuer (D-N.Y.), pour soutenir avec succès une législation qui soulevait les interdictions contre le publipostage et l’importation de moyens contraceptifs. Davantage qu’une simple autorisation d’entrée pour les condoms, le but de Bush ici était d’obtenir une sorte de succès idéologique tapageur. Le lobby de la croissance zéro comprit qu’il y avait moyen de réaliser une percée importance en rendant accessible tout l’attirail de mesures de contrôle sur la population des Etats-Unis.

En très peu de temps, Bush introduisit une législation en vue de créer un centre national de planning familial et public et d’aide sociale, et de transformer le département de l’Intérieur en département des Ressources, de l’Environnement et de la Population.

Sur le plan de la politique étrangère, il aida à écarter l’aide américaine à l’étranger du financement des projets de développement destinés à aborder le problème de la faim dans le monde et de la concentrer davantage sur le contrôle démographique. « Je propose que nous remaniions complètement notre programme d’aide à l’étranger afin d’insister surtout sur le contrôle de la population », déclara-t-il durant l’été 1968, ajoutant : « A mon avis, nous avons commis une erreur dans notre aide à l’étranger en la concentrant sur la construction d’énormes aciéries et cimenteries dans les pays sous-développés. »

L’une des initiatives les plus importantes de Bush sur le plan domestique fut son soutien à la loi de 1970 sur les services de planning familial et la recherche en matière démographique, née dans le cerveau du sénateur Joseph Tydings du Maryland. Promulguée en tant que loi par le président Nixon, le 24 décembre 1970, le projet Tydings-Bush augmenta de façon considérable l’implication financière fédérale dans le contrôle démographique, approuvant pour l’année 1973 un budget initial de 382 millions de dollars pour les services de planning familial, la recherche démographique, l’éducation et l’information de la population. Une grande partie de cet argent passa par des institutions privées, particulièrement des cliniques locales gérées par les protégés de Bush de la Planned Parenthood. Les mesures Tydings-Bush couvrirent le fameux Title X, qui fournissait explicitement une « assistance de planning familial » aux pauvres. Bush et ses cohortes de partisans de la croissance zéro parlaient constamment de l’importance de généraliser le contrôle des naissances chez les pauvres. Ils prétendaient qu’il y avait plus de cinq millions de femmes pauvres qui voulaient limiter leur nombre d’enfants, mais ne pouvaient se le permettre.

Le 23 octobre 1969, Bush fit l’éloge de l’Office of Economic Opportunity (Bureau des Perspectives économiques) pour avoir mis en application certains des projets de planning familial « les plus efficaces » et déclara qu’il était très « satisfait » que l’administration Nixon « leur confère davantage de possibilités financières en augmentant leurs fonds de 50 pour-cent en les portant de 15 à 22 millions de dollars. »

Cet effort accru qu’il attribuait à « l’objectif » de l’administration Nixon « d’atteindre au cours des cinq prochaines années les 5 millions de femmes requises par ces services » - toutes ces femmes étant pauvres, et bon nombre d’entre elles provenant de minorités raciales ou ethniques. Il ajouta : « Il faut non seulement consulter rapidement le rapport préparé par le département de Planning parental et de recherche sur la population mondiale pour voir toute l’inefficacité des autorités fédérales, des Etats et locales pour assurer ces services. Il n’y a certainement rien de neuf à propos du fait que les grossesses non souhaitées de nos femmes pauvres ou presque pauvres gardent les taux de mortalité infantile et de retard mental en Amérique parmi les plus élevés de tous les pays développés. »

Les taux de mortalité infantile et d’arriération mentale dont Bush s’inquiétait tant auraient pu être réduits de façon marquante si le gouvernement avait financé suffisamment les soins prénataux, la nutrition et d’autres facteurs contribuant à la santé des nourrissons et des enfants. Le même jour où il signait le projet de loi Tydings-Bush, Nixon s’opposa – avec le soutien de Bush – à la législation qui aurait décrété un programme de 225 millions de dollars en trois ans afin de former des médecins de famille.

Bush semblait être convaincu de ce que le retard mental, en particulier, était une question d’hérédité. Les eugénistes des années 1920 avaient diffusé leurs théories pseudo-scientifiques sur la « faiblesse d’esprit héréditaire » et prétendaient que les « Kallikaks et les Jukes », en mettant au monde des générations entières de « faibles d’esprit » avaient coûté à l’Etat de New York des dizaines de millions de dollars en plusieurs décennies. Mais quid des problèmes d’apprentissage, comme la dyslexie, dont on savait qu’ils affligent les familles oligarchiques que Bush considéraient comme saines, bien nourries, bien éduquées et douées ? Nelson Rockefeller, Nisk Brady, un ami de Bush, et Neal, le propre fils de Bush, ont souffert de dyslexie, un trouble de la lecture. Mais ces oligarques ne sont pas susceptibles d’être les victimes d’une stérilisation involontaire en tant que « déficients mentaux », alors qu’ils veulent l’imposer à ceux qu’ils cataloguent comme faisant partie des classes inférieures.

En introduisant la version de la Chambre du projet Tydings au nom de lui-même et de celui de Bush, le républicain James Scheuer (D-N.Y.) déclara avec véhémence qu’alors que les femmes de la classe moyenne « ont limité le nombre de naissances depuis des années (...) les femmes des familles à bas revenus » ne le faisaient pas. « Si la pauvreté et la taille de la famille sont si étroitement mêlées, nous aimerions savoir pourquoi les femmes pauvres ne cessent de mettre des bébés au monde. » Le projet de loi Bush-Tydings avançait à pas de géants pour les forcer à le faire.

Parmi les principales contributions de Bush à la cause néo-malthusienne, pendant le temps qu’il siégea au Congrès, il y a eu son rôle dans le Groupe de travail républicain sur les ressources et la population terrestres. Le groupe de travail, que Bush contribua à créer et qu’il présida par la suite, pondit tout un flot de propagande prétendant que le monde était déjà sérieusement surpeuplé, qu’il y avait une limite fixée aux ressources naturelles et que cette limite n’allait pas tarder à être atteinte, et que l’environnement et les espèces naturelles devaient être sacrifiés au progrès de l’humanité. Le groupe de travail de Bush chercha à accréditer l’idée que la race humaine commençait à dégénérer ou à présenter des qualités génétiques allant en diminuant du fait de la croissance de la population parmi les noirs et les autres groupes non blancs et, de là, chez les races supposées inférieures, à une époque où les Anglo-Saxons étaient à peine capables d’empêcher leur nombre de diminuer. 

 

Constituée de plus de 20 membres républicains du Congrès, la Task Force de Bush était une espèce d’organisation malthusienne d’avant-garde qui auditionnait des témoignages de tout un panel de scientifiques de la race, appuyait des législations ou faisait de la propagande pour la croissance zéro. Dans la cinquantaine d’auditions organisées au cours de ces années, le groupe de travail servit également de plate-forme à quasiment tous les fanatiques bien connus de la croissance zéro, depuis Paul Ehrlich, fondateur de Zero Population Growth (ZPG – Croissance démographique zéro) au scientifique racial William Shockley ainsi qu’aux défenseurs de la croissance zéro qui infestaient la bureaucratie fédérale.

Le fait de donner une prestigieuse plate-forme congressiste à un charlatan discrédité et raciste comme William Shockley au cours de l’année qui a suivi l’assassinat du Dr Martin Luther King met bien en évidence l’arrogance de l’implication de Bush dans l’eugénisme. Shockley, comme son frère de pensée, Arthur Jensen, avait fait fureur durant les années 60 en avançant sa thèse, déjà infirmée à maintes reprises, selon laquelle les noirs étaient génétiquement inférieurs aux blancs pour ce qui est des facultés cognitives et de l’intelligence. La même année où Bush l’avait invité à se présenter devant son groupe de travail républicain, Shockley avait écrit : « Nos programmes d’assistance aux nobles intentions peuvent encourager une évolution dysgénique régressive par le biais de la reproduction disproportionnée des personnes génétiquement désavantagées. (...) Nous craignons que des ‘croyances infatuées’ dans le pouvoir de l’argent de l’assistance, non aidées par la clairvoyance de l’eugénisme, n’aillent contribuer à un déclin de la qualité humaine pour tous les segments de la société. »

Pour mettre un terme à ce qu’il considérait comme une baisse envahissante de la qualité du réservoir génétique américain, Shockley préconisait un programme de stérilisation de masse des inaptes et des attardés mentaux qu’il appela son « Bonus Sterilization Plan » (Plan de stérilisation à primes). Des primes en argent pour accepter de se faire stériliser seraient attribuées à toute personne qui ne payait pas d’impôt sur le revenu et qui présentait une déficience génétique ou souffrait d’une maladie chronique, comme le diabète ou l’épilepsie ou pouvait être présentée comme une droguée toxicomane. « Si le gouvernement payait une prime à points de 1.000 dollars par point en-dessous du QI de 100, ce qui correspondrait à verser 30.000 dollars pour un QI de 70 chez un crétin de moins de 20 ans susceptible d’avoir des enfants, cela pourrait rapporter 250.000 dollars aux contribuables sous forme réduction des coûts dans les soins apportés aux retards mentaux », disait Shockley.

La cible particulière des mesures de stérilisation de masse préconisées par Shockley étaient les noirs, dont il estimait qu’ils se reproduisaient trop vite. « Si ces noirs présentant la moindre quantité de gènes caucasiens sont en réalité les plus prolifiques et les moins intelligents, dans ce cas, l’asservissement génétique constituera la destinée de leur prochaine génération », écrivait-il. Un peu plus tôt, en 1967, Shockley avait dit : « La leçon à tirer de l’histoire nazie, c’est la valeur de la libre opinion, et non que l’eugénisme est intolérable. »

Quant à Paul Ehrlich, son programme de génocide comprenait un appel au gouvernement américain afin que ce dernier prépare « la multiplication des (...) agents de stérilisation de masse » dans les approvisionnements de nourriture et en eau des Etats-Unis, et qu’il applique une « politique étrangère rude », incluant la fin de l’aide alimentaire aux nations touchées par la famine. Aussi radical qu’Ehrlich eût pu sembler à l’époque, ce dernier point est devenu un cheval de bataille de la politique étrangère sous l’administration Bush.

Le 24 juillet 1969, la task force auditionna le général William Draper, à l’époque président national du Population Crisis Committee, proche ami du père de Bush, Prescott. Selon le résumé effectué par Bush du témoignage de l’ami de la famille, Draper fit une mise en garde contre le fait que l’explosion démographique était comme une « marée montante » et affirma que « nos aspirations à vouloir faire le bien de tous pourraient se muer en une malédiction pour la communauté si nous n’utilisons pas les facultés cérébrales que Dieu nous a données pour ramener un équilibre entre le taux de naissance et le taux de mortalité. »  Draper s’emporta contre l’Eglise catholique, l’accusant du fait que son hostilité à la contraception et à la stérilisation frustrait les efforts de contrôle démographique en Amérique latine.

Une semaine plus tard, Bush invitait Oscar Harkavy, responsable du programme démographique de la Ford Foundation, à venir témoigner. Résumant les remarques de Harkavy pour le rapport du Congrès du 4 août, Bush commenta : « L’explosion démographique est communément reconnue comme l’un des problèmes les plus graves auxquels sont confrontés aujourd’hui la nation et le monde. Monsieur Harkavy suggérait, par conséquent, que nous financions convenablement la recherche sur la démographie. Il semble absurde que les fonds de recherche contre le cancer atteignent entre 250 et 275 millions de dollars par an, plus que huit fois les montants dépensés pour la recherche biologique sur la reproduction. »

En rapportant le témoignage du Dr William McElroy de la National Science Foundation, Bush insista sur le fait que « l’une des crises que le monde va affronter suite aux taux actuels de croissance démographique, c’est que, en présumant que la population mondiale s’accroît de 2 pour-cent par an, la population urbaine, elle, va s’accroître de 6 pour-cent, et que la population des ghettos, elle, s’accroîtra de 12 pour-cent ».

En février 1969, Bush et d’autres membres proposèrent une législation visant à instaurer un Comité commun de sélection sur le planning démographique et familial qui, disait Bush, « chercherait à cristalliser l’attention de la nation sur la nécessité domestique et étrangère de planning familial. Nous en avons grand besoin », expliqua Bush à ses collègues. « Il nous faut ôter tout sensationnalisme de ce sujet de sorte qu’il ne soit plus utilisé par des militants qui n’ont aucune connaissance réelle de la nature volontariste du programme mais qui l’utilisent plutôt comme une pierre d’achoppement politique ». « Une enquête approfondie sur le contrôle des naissances et une collection de données à même de fournir au Congrès les critères pour déterminer l’efficacité de ses programmes doivent venir réduire progressivement le nombre de bouches futures qui se nourriront sur une quantité sans cesse décroissante de nourriture », poursuivit Bush.  « Nous devons insister sur ce problème critique (...) il nous faut un programme de masse au Congrès, avec des auditions afin de mettre le problème en évidence, et des appropriations bien définies afin de faire quelque chose à ce propos. Nous devons obtenir la coopération massive de la Maison-Blanche comme jamais nous ne l’avons encore eue par le passé et nous devons forcer la détermination de la part de la branche exécutive de dépenser ces fonds à des fins réservées d’avance. » 

Le 6 août 1969, le groupe de travail républicain de Bush introduisait un projet de loi en vue de créer une commission sur la population et le futur de l’Amérique qui, selon Bush, « allait permettre aux hautes instances de ce pays d’établir correctement des critères pouvant servir de base à une politique démographique nationale ». Ce mouvement opérait en réponse à l’appel du président Nixon, le 18 juillet, en vue de créer une commission de personnalités censée mettre sur pied une ligne politique autour de la démographie américaine. Bush triomphait, dans cette évolution de la question, puisqu’au cours des dernières années, il n’avait cessé de réclamer une telle mesure. Le 21 juillet, il faisait une déclaration à la Chambre afin de « féliciter le président » pour son action. « Nous savons maintenant », déclara-t-il, « que le taux fantastique de l’accroissement démographique auquel nous avons assisté ces vingt dernières années se poursuit sans ralentissement en vue. Si ce taux de croissance n’est pas freiné dès aujourd’hui – c’est-à-dire au cours de la prochaine décennie – nous allons devoir affronter un danger contre lequel il n’y aura pas plus de possibilité de défense que contre une guerre nucléaire. »

Dirigée par John D. Rockefeller III, la commission constituait une attaque radicale, avec l’aval de gouvernement, contre la vie humaine. Son rapport final, publié en 1992, affirmait : « Le temps est venu de défier la tradition prétendant que l’accroissement démographique est une chose désirable : l’involontaire pourrait se muer en indésirable, dans la société comme dans la famille. » Non seulement la commission exigeait qu’on mette fin à l’accroissement démographique et au progrès économique, elle attaquait également les fondements de la civilisation occidentale en insistant sur le fait que la raison de l’homme était devenue un empêchement majeur à une vie normale. « L’industrialisme urbain de masse repose sur la science et la technologie, sur l’efficacité, l’acquisition et la domination via la rationalité », pontifiait le rapport de la commission. « L’exercice de ces mêmes valeurs contient aujourd’hui le potentiel de la destruction de notre humanité. L’homme est en train de perdre son équilibre avec la nature, lequel est une condition essentielle de l’existence humaine. »  

 

 

 

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La principale conclusion de la commission fut la suivante : « Il n’y a pas de bénéfices substantiels à tirer de la poursuite de la croissance démographique ». C’est que son président Rockefeller expliqua à la Commission sénatoriale des Appropriations. Celle-ci émit toute une série de recommandations afin d’incurver à la fois l’expansion de la population et la croissance économique. Ces recommandations concernaient : la libéralisation des lois limitant l’avortement et la stérilisation, la possibilité de contrôle des naissances chez les adolescents. La commission eut un profond impact sur les attitudes américaines à l’égard des questions démographiques et elle contribua à accélérer le plongeon vers le génocide pur et simple. Le directeur exécutif de la commission, Charles Westoff, écrivait en 1975 que le groupe « représentait un effort important, pour un pays avancé, vers le développement d’une politique démographique nationale – dont l’idée de base était de ralentir la croissance en vue de maximaliser la ‘qualité de la vie’ ». L’effondrement de la forme de société centrée sur la famille traditionnelle au cours des années 70 et des années 90 ne fut que l’une des conséquences de ces recommandations. Il est également bien connu que la commission Bush lutta longtemps et pied à pied pour créer une rupture des dernières barrières contre la légalisation de l’avortement sur demande. En effet, juste un an après la sortie du rapport final de la commission, la Cour suprême sortit la décision « Roe v. Wade » qui allait en ce sens, précisément.

Consciente de ce que nombre de noirs et de membres d’autres minorités s’étaient rendu compte de ce que le mouvement pour le contrôle de la population constituait un programme génocidaire visant à réduire leurs nombres, la commission sortit de ses habitudes afin de masquer son intention réelle en stipulant que toutes les races devraient réduire leurs taux de natalité. Mais l’esprit raciste de ses conclusions ne pouvait être dissimulé. Le directeur exécutif de la commission, Westoff, qui devait son poste et ses fonds à Bush, avait dévoilé ces intentions dans un ouvrage qu’il avait écrit en 1966, avant de rejoindre le comité de direction de la commission, ouvrage intitulé « From Now to Zero » (Dès aujourd’hui, vers la croissance zéro) et dans lequel il déplorait que le taux de fertilité des noirs était nettement supérieur à celui des blancs.

Le mouvement pour le contrôle de la population ou pour la croissance démographique zéro, qui se développa rapidement à la fin des années 60 grâce au livre battage médiatique et aux subsides accordés aux fondations pour tout un courant de propagande pseudo-scientifique à propos de la prétendue « bombe démographique » et des « limites à la croissance », était une continuation du vieux mouvement eugénique pro-fasciste d’avant la guerre, lequel avait été forcé de subir une éclipse temporaire lorsque le monde sombra dans l’horreur au vu des atrocités commises par les nazis au nom de l’eugénisme. Au milieu des années 60, ces mêmes eugénistes complètement cinglés avaient ressuscité sous forme du mouvement environnementaliste et en faveur du contrôle démographique. Planned Parenthood fut un parfait exemple de cette métamorphose. Désormais, au lieu d’exiger la stérilisation des races inférieures, les eugénistes nouvelle mouture parlaient de « bombe démographique », de donner aux pauvres un « accès égal » au contrôle des naissances,  ainsi qu’une « liberté de choix ». Mais rien, substantiellement, n’avait changé, pas plus que l’usage de la coercition. Alors que Bush et d’autres défenseurs des programmes gouvernementaux de « planning familial » insistaient sur le fait que ces programmes étaient strictement volontaires, la réalité était très différente. Au milieu des années 70, le nombre de stérilisations involontaires réalisées par des programmes que Bush avait contribué à lancer, avait atteint des proportions énormes. Au sein des communautés noires et minoritaires, où devaient se produire la plupart des stérilisations, des protestations s’élevèrent pour culminer face à l’arbitrage fédéral, et un procès fut intenté.

En 1974, lorsqu’il dirigea ce procès, le juge Gehrard Gesell du District fédéral écrivit ce qui suit : « Ces quelques dernières années, une estimation de 100.000 à 150.000 personnes à bas revenus ont été stérilisées chaque année dans le cadre de programmes financés sur le plan fédéral. Bien que le Congrès ait insisté sur le fait que tous les programmes de planning familial fonctionnent sur base essentiellement volontaire, il est une évidence que l’on ne peut nier (...) c’est qu’un nombre indéfini de personnes pauvres ont été improprement forcées à accepter une opération de stérilisation sous la menace que divers avantages issus de l’aide sociale fédérale allaient leur être retirés s’ils ne se soumettaient pas à une stérilisation irréversible. » Gesell concluait de ces faits que « la ligne de partage entre le planning familial et l’eugénisme était obscure ».

Comme nous l’avons vu, George Bush avait hérité cette obsession du contrôle démographique et de la réduction raciale de population de son père, Prescott, qui avait soutenu obstinément Planned Parenthood au moins à partir des années 1940. En fait, l’affiliation de Prescott Bush au sein de l’organisation de Margaret Sanger lui coûta la course au Sénat en 1950, une défaite que son fils a toujours reprochée à l’Eglise catholique et qui se situe à l’origine de la vendetta de toute une vie de George contre la papauté. 

La défaite de Prescott, en 1950, lui resta donc toujours sur l’estomac, comme le monte son geste extraordinaire en l’évoquant lorsqu’il témoigna de l’autre côté de Capitol Hill devant la sous-commission du sénateur Gruening (sous-commission de la Commission sénatoriale sur les opérations du gouvernement), le 2 novembre 1967. La tirade vengeresse de George Bush mérite bien d’être citée in extenso :

« J’ai le sentiment qu’il est un peu moins convenable d’être partisan du contrôle des naissances et du planning parental, aujourd’hui, que ce n’était le cas naguère. J’espère que vous excuserez une référence personnelle que je vais faire ici : lorsque mon père entra en lice pour le Sénat américain, en 1950, il fut battu de 600 ou 700 voix. Le dimanche précédant les élections, sur les marches de plusieurs églises catholiques du Connecticut, des gens distribuaient des tracts disant : ‘Ecoutez ce que ce commentateur va dire ce soir. Ecoutez ce qu’il va dire.’ Ce soir-là, le commentateur déclara à la radio : ‘Ceci peut intéresser les électeurs du Connecticut, Prescott Bush est le responsable de l’Association du contrôle des naissances de Planned Parenthood’, ou quelque chose dans le genre. Eh bien, il a perdu d’environ 600 voix et il en est quelques-uns parmi nous qui estiment que cela a quelque chose à voir avec ça. Je ne pense pas qu’on puisse échapper non plus à ce genre de chose aujourd’hui. »

La famille Harriman avait soutenu la fondation du mouvement eugéniste aux Etats-Unis, lequel mena avec succès une campagne en faveur de la stérilisation de masse des « faibles d’esprit » et des « inférieurs sur le plan racial » au cours des années 20. Ces pratiques furent imitées, et non inventées, par la suite par les nazis. Dans le cadre de cette campagne, les Harriman contribuèrent à la mise sur pied d’une série de conférences international sur l’eugénisme. Lors de la conférence de 1932, qui se tint au Musée d’Histoire naturelle de New York, l’invité d’honneur n’était autre que le Dr Ernst Rudin, chef de la Société allemande d’hygiène raciale qui, quelques années plus tard, rédigea les lois nazies sur le métissage, lois dirigées particulièrement contre les Juifs, les Tsiganes et les Slaves.  

Parmi les Américains qui côtoyèrent Rudin lors de la conférence de 1932, il y avait le général William Draper, un banquier d’investissement de New York et ami intime de Prescott Bush. L’homme allait devenir l’un des militants les plus influents des mesures radicales de contrôle démographique. Il fit interminablement campagne pour une croissance démographique zéro, et félicita les communistes chinois pour avoir « innové » dans leurs méthodes en vue d’atteindre cet objectif. La création la plus influente de Draper fut la Commission de crise sur la population, associée au Fonds Draper (PPC-DF), instaurée en 1965 par Hugh Moore, qui, en 1937, avait repris la direction de la Human Betterment Association (Ass. pour l’amélioration de la race humaine), une association eugéniste de premier plan qu’il allait rebaptiser l’Association en faveur de la Stérilisation volontaire.

En 1967-68, une émanation de la PCC-DF, la « Campagne en vue d’empêcher l’explosion démographique », mena une campagne publicitaire nationale dénonçant la fraude à l’explosion démographique et attaquant ceux – particulièrement au Vatican – qui voulaient mettre des bâtons dans les roues d’un contrôle démographique radical.

Dans un article de 1971, Draper associa les nations en voie de développement à une « réserve d’animaux » où, quand les animaux devenaient trop nombreux, les gardiens du parc « réduisent arbitrairement l’une ou l’autre espèce, si nécessaire, pour préserver l’équilibre de l’environnement au profit de tous les autres animaux ». « Mais qui sera le gardien du parc de la race humaine ? » demandait-il. « Qui supprimera le surplus de tel ou tel pays quand la pression d’un trop grand nombre d’individus et d’une insuffisance de ressources augmente au-delà du supportable ? Les cavaliers semeurs de mort de l’Apocalypse – la guerre dans ses oripeaux nucléaires modernes, la faim hantant la moitié de l’espèce humaine et la maladie – ces mêmes cavaliers décharnés et sinistres vont-ils devenir les gardiens du parc de ces bipèdes qu’on nomme humains ? »

Draper collabora de très près avec George Bush durant la carrière de Congressiste de ce dernier. Comme on l’a fait remarquer plus haut, Bush invita Draper à témoigner devant son groupe de travail sur les ressources et la population terrestres et on sait également que Draper aida à mettre au point le projet de loi Bush-Tydings.

Bush ressentait une affinité débordante pour l’image bestiale et dégradée de l’homme telle que la reflétaient les déclarations délirantes de Draper. En septembre 1969, Bush rédigea un éloge chaleureux de Draper, lequel fut publié dans les Archives du Congrès : « J’aimerais rendre hommage à un grand Américain », disait Bush. « Je suis très conscient de l’importance de la prépondérance exercée par le général Draper dans le monde en aidant les gouvernements dans leurs efforts pour résoudre les terribles problèmes de croissance rapide de la population. Aucune autre personne, ces cinq dernières années, n’a fait preuve de davantage d’esprit d’initiative pour propager la conscience, parmi les dirigeants mondiaux, de la nécessité de reconnaître les conséquences économiques et notre explosion démographique. »

Dans une publication datant de 1973, Bush louait la PCC elle-même pour avoir joué « un rôle majeur en aidant les décideurs politiques du gouvernement et en mobilisant la réponse des Etats-Unis au défi mondial sur le plan de la population (…) ». La PCC ne cacha jamais son admiration pour Bush ; ses bulletins datant de la fin des années 60 et du début des années 70 présentent de nombreux articles éclairant le rôle de Bush dans la campagne du Congrès concernant le contrôle de la population et la PCC-DF considérait carrément Bush comme « l’un des activistes les plus acharnés » dans les questions de contrôle de la population, et le louait pour « avoir proposé la plupart des recommandations majeures ou contradictoires » dans cette arène qui fut créée au sein même du Congrès à la fin des années 60.

Le fils de Draper, William III, avait appliqué avec enthousiasme le legs génocidaire de son père et ce, avec l’aide fréquente de Bush. En 1980, Draper, un partisan enthousiaste du fameux rapport de l’administration Carter, le « Global 2000 », fut le président national de la commission financière de la campagne présidentielle de Bush; début 1981, Bush convainquit Reagan de désigner Draper à la tête de la U.S. Export-Import Bank. A l’époque, une assistant de Draper, Sharon Camp, révéla que Draper avait l’intention de réorienter les fonctions de la banque en mettant davantage l’accent sur des projets de contrôle démographique.

En 1987, de nouveau sur l’ordre de Bush, Draper fut désigné comme administrateur du Programme de Développement des Nations unies, qui fonctionne en tant qu’auxiliaire de la Banque mondiale et a historiquement favorisé le ralentissement démographique parmi les nations du tiers monde. Fin janvier 1991, lors d’une conférence donnée à Washington, Draper fit un discours dans lequel il déclara que le point central du « nouvel ordre mondial » de Bush serait la réduction de la population.

Bush ne répugnait pas à faire figurer des thèmes récurrents hostiles aux noirs dans d’autres parties de son répertoire politique. A la suite de l’assassinat du Dr Martin Luther King, en avril 1968, des émeutes et scènes de pillage à grande échelle éclatèrent à Washington et dans d’autres villes. Bush introduisit rapidement un projet de loi stipulant que toute personne reconnue coupable d’avoir enfreint la loi au cours de troubles civils se verrait désormais refuser la possibilité de postuler ou d’obtenir des emplois fédéraux. Bush prétendit que durant les émeutes de Washington qui suivirent l’assassinat de King, 10% des 119 émeutiers suspects déférés devrant le tribunal travaillaient pour le gouvernement fédéral.(15)

L’autobiographie de campagne de Bush et la biographie de campagne autorisée et flatteuse de Fitzhugh Green ne font pour ainsi dire aucune mention de ces activités congressistes au service du racisme, du malthusianisme ou de la réduction de la population. En lieu et place, Bush et les personnes chargées d’embellir son image de marque préfèrent concentrer toute leur attention sur le combat héroïque du Congressiste contre le racisme tel qu’il est exprimé dans l’opposition, datant d’avril 1968, dans le district de Bush, au projet de loi qui, plus tard, allait devenir la Loi pour un Logement décent (Fair Housing Act) de 1968. Ce projet contenait des dispositions concernant l’accessibilité des logements et interdisant toute discrimination dans la vente, la location, le financement ou le logement même sur base de la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale. Bush décida de voter pour le projet. « Les lettres émanant du district étaient en majorité écrasante hostiles au projet. Après que j’eus voté en sa faveur, le courrier redoubla de plus belle. En pire », écrivit-il par la suite. « Les menaces étaient dirigées non seulement contre moi, mais également contre les membres de mon équipe. »

Comme Bush le dit, il décida alors de confronter ses délateurs lors d’un rassemblement censé se tenir à la section Memorial-West de son district. « L’endroit était bondé de monde. A en juger d’après les huées et les lazzi que je reçus lorsqu’on me présenta, il était également à ébullition. Le ton fut donné par un autre orateur au programme, qui annonça que projet en faveur de la liberté de logement allait déboucher sur le ‘contrôle par le gouvernement de la propriété privée, le but numéro des communistes’. »

Afin de ramener la masse en ébullition à plus de docilité, Bush commença par citer le relativisme libéral et culturel de l’Empire britannique ainsi que le théoricien du « changement organique », Edmund Burke : « Votre représentant vous doit non seulement son industrie, mais son jugement », avait déclaré Burke. Bush rappela ensuite que les Noirs, les Hispaniques et les autres minorités risquaient leur vie dans la guerre du Vietnam. Comment pouvait-on dans ce cas leur refuser la liberté de logement ? « D’une façon ou d’une autre, il semble fondamental qu’un homme ne se voie pas claquer la porte au nez parce qu’il est noir ou qu’il s’exprime avec un accent latino-américain. » L’accès libre au logement constituerait une lueur d’espoir pour les noirs et les autres minorités « évincés par l’habitude ou par la discrimination », conclut Bush. Bush raconte qu’il a ensuite observé les visages silencieux de l’assistance et qu’il s’est tourné ensuite vers le modérateur pour le remercier. « C’est alors que les applaudissements ont commencé, de plus en plus bruyants, pour se terminer par une standing ovation. Toute l’hostilité des premiers instants semblait s’être estompée, et j’ai senti que quelque chose de spécial s’était produit. » Faisant revenir à la surface, à la fin des années 80, la vision de ce supposé triomphe, Bush a eu le toupet d’écrire : « Plus de vingt ans plus tard, je puis sans mentir dire que rien de ce que j’ai connu dans la vie publique, avant ou depuis, n’a égalé le sentiment que j’éprouvais lorsque je suis rentré chez moi ce soir-là. » Son cireur de bottes, le mythographe Fitzhugh Green, d’ajouter : « Bush s’était exprimé en fonction de ses valeurs personnelles. Il avait manifestement touché le cœur profond de ceux qui l’avaient écouté. Les doléances contre son vote à propos de cette question se tarirent progressivement. Cette question constitua une nouvelle étape dans sa route vers l’acceptation des Noirs américains. »(16)

Ces comptes rendus n’ont rien à voir avec un rapport historiquement vrai, mais ils illustrent plutôt les gros mensonges flagrants, de type goebbelsien servis sans la moindre honte par les propagandistes de Bush. Les comptes rendus quasi mythologiques de cet épisode veulent laisser la nette impression que Bush, dans les années 60, combattait pour les droits civiques, et vont à l’encontre de son entière carrière politique, depuis le projet sur les droits civiques de 1964 jusqu’à l’eugénisme raciste et à Willie Horton. En comparant ces comptes rendus fantastiques à la réalité du travail génocidaire quotidien de Bush au sein du Congrès, nous obtenons également le cadre exact dans lequel il convient d’évaluer la vérité des explications publiques de Bush de son rôle dans les contras iraniens et autres scandales. Bush apparaît comme l’un des menteurs les plus accomplis dans le domaine hautement concurrentiel de la politique américaine de l’après-guerre.

Mais nous ne conclurons pas que Bush a consacré la totalité de sa carrière au Congrès à la promotion de la science raciale et de la dépopulation mondiale. Il fut aussi soucieux d’instaurer un service aux électeurs. Ce service prit forme dans le rôle central de Bush dans la mise en place par le cartel pétrolier d’une stratégie sophistiquée visant à maintenir ses privilèges sur les taxes de location de terrains au plus haut niveau autorisé par le climat au sein de l’opinion publique. Dans le cadre de cette stratégie, Bush oeuvra en vue de protéger la tolérance de diminution du débit du pétrole comme étant la principale réduction de taxe dont bénéficiait le cartel.

La tolérance de diminution du débit pétrolier constituait une réduction de taxe de 27,5% pour tous les producteurs, introduite en 1926, et elle était censée consolider l’industrie pétrolière américaine. L’impact de cette tolérance de 27,5% fut tel que nombre des principales compagnies pétrolières, y compris certaines des sociétés géantes, payaient un taux très bas de taxes sur les revenus des sociétés. Le 10 juillet 1969, le membre du Congrès Bertram Podell, de New York, adressa une lettre ouverte au président du Budget, Wilbur Mills, dans laquelle il faisait remarquer que c’était avant tout suite à l’importante tolérance sur la diminution du débit du pétrole que Gulf n’avait payé un taux de taxe réel de 0,81% sur un revenu pour 1968 supérieur à un milliard de dollars, tandis que Mobil avait payé des taxes à un taux de 3,3% et Atlantic Richfield de 1,2%. Dans sa lettre, rendait un hommage ironique à la « dévotion passionnée » du cartel, depuis longtemps, « aux vertus démodées, telles la cupidité », au point que « l’industrie pétrolière fait ressembler la mafia à une opération de charrettes à bras » alors que, « via nos diverses échappatoires aux impôts, les fraudeurs professionnels à la taxe, telle l’industrie du pétrole, sont comme des blindés écrasant de simples fantassins. »(17)

En 1950, le président Truman avait déclaré qu’aucune dérogation de taxe n’était « aussi inique » que la dérogation pour réduction de débit, et il citait l’exemple d’un magnat du pétrole qui bénéficiait d’un revenu libre d’impôt de presque 5 millions de dollars grâce à ce genre de disposition. Truman affirma qu’il voulait réduire la dérogation pour réduction de débit pétrolier à 15%, mais les membres du Congrès opposés à la dérogation pour réduction de la production pétrolière prétendirent plus tard qu’il n’avait pas fait grand-chose pour tenir cette promesse. Les sénateurs du genre Humphrey, Douglas, Williams ou Delaware et autres proposèrent des amendements en vue de réduire la dérogation pour diminution de la production pétrolière à 15%, ou de limiter les 27,5% accordés aux producteurs de pétrole aux revenus en dessous d’un certain niveau, mais ces efforts furent annihilés en 1951, 1954, 1958, 1962, 1964 et 1967. Mais, en 1969, la question revint sur le tapis sous forme d’une réclamation en faveur d’une réforme des taxes, vu la détérioration de l’économie, et une grande partie de la passion du public se concentra sur les 27,5% en faveur du cartel pétrolier des Rockefeller. 

Le membre du Congrès, Charles Vanick, de l’Ohio, qui se présentait comme un chaud partisan de la réforme des impôts et taxes, calcula la tolérance pour réduction de la production pétrolière s’était traduite par une perte de quelques 140 milliards de dollars en revenus d’impôts depuis son entrée en vigueur.

En réponse à ces véhémentes protestations publiques contre les 27,5%, les public relations du cartel pétrolier mirent au point une mascarade publique compliquée, laquelle prévoyait de réduire légèrement la dérogation, histoire de calmer les pressions du public et de sauver le gros des sommes exonérées. En mai 1969, le président Mills déclara que les 27,5% représentaient un chiffre « symbolique » et qu’on pouvait les réduire légèrement.

En juillet, la Commission du Budget fit état d’une mesure destinée à ramener la dérogation à 20%. Le Congressiste Vanick fut heureux de pouvoir montrer un résultat de ses efforts : « Nous avons vraiment un projet de réforme, maintenant », déclara-t-il à la presse. Bush était d’accord avec ces 20%, tout en défendant le principe d’une dérogation substantielle. Selon lui, un témoignage « non réfuté » d’expert avait prouvé qu’une prime sur les taxes était nécessaire pour la prospection du pétrole et du gaz « en raison de la diminution sérieuse des réserves de gaz dans ce pays ».  « L’appauvrissement des réserves », déclara Bush, « est devenue un symbole pour certaines personnes et, sans examiner les raisons de cet état des choses ou de son importance fondamentale pour ce pays, certains voudraient qu’on n’en parle plus. »(18)

Le 28 août 1969, le Congressiste George Bush et le sénateur du Texas John Tower prirent l’avion pour San Clemente afin de rencontrer le président Nixon à propos de cette question. Nixon avait dit durant sa campagne de 1968 qu’il était partisan de la dérogation des 27,5%, mais qu’il voulait jouer le jeu avec le cartel pétrolier. Nixon, Bush et Tower furent rejoints à San Clemente par le secrétaire au Trésor, David Kennedy, qui se préparait à témoigner sur les taxes pétrolières devant la Commission des Finances du Sénat dirigée par Russell Long. Tower et Bush mirent Nixon au courant de ce que le cartel pétrolier était disposé à accepter une certaine réduction de la dérogation et que l’administration devait simplement déclarer qu’elle avait l’intention d’accepter tout ce que le Congrès allait approuver. D’après un historien de l’industrie pétrolière : « Ce fut le premier pas dans la mise point de ‘l’arnaque’. Mais il y eut un léger faux pas avant les gens du Congrès se voient indiquer parfaitement leurs signaux. »(19)  

Kennedy fut induit en erreur par le chiffre de 20% qui avait été brandi lors du débat public. Il déclara au Sénat qu’alors que Nixon aurait préféré garder le chiffre de 27.5%, lui aussi avait l’intention de redescendre à 20%. C’était plus que la concession pour la forme que le cartel pétrolier s’était préparé à faire. Le 7 octobre, la Chambre adopta le chiffre de 20% par un vote de 394 contre 30, et Bush vota lui aussi pour la réduction. Cela ne devait entraîner guère de risque, puisque le sénateur Russell Long, de la Commission sénatorial des Finances, lui aussi producteur de pétrole via sa participation à la Win or Lose Corporation (Société des Profits et Pertes) de la famille Long, n’aurait pas accepté de réduire la dérogation en dessous de la barre des 23%. Le conseiller adjoint de Nixon à la Maison-Blanche, Harry S. Dent, adressa une lettre à un juge de comté à Midland, Texas, entre autres, qui déclarait que ce Secrétaire au trésor, Kennedy, s’était trompé à propos de Nixon en croyant que celui-ci envisageait deux alternatives : 27,5% ou 20%, que « le président veut se conformer au jugement du Congrès ». Un assistant du sénateur Prowmire se plaignit « Si la commission réduit la dérogation d’un montant modeste – disons, jusque 23% - cela peut représenter le profil assez bas que les libéraux du Sénat adopteront aux moments plus difficiles où il faudra la réduire davantage. » Le chiffre de 23% fut celui qui fut accepté en fin de compte et on calcula que la réduction de la dérogation ainsi pratiquée avait augmenté les rentrées de la taxe sur les compagnies nationales américaines de pétrole et de gaz de la somme dérisoire de 175 millions de dollars par an. Le problème avait été désamorcé et le cartel put reprendre ses opérations normales, grâce en partie aux bons services de George Bush.

Au moment du vote susmentionné de la Commission du Budget, à la Chambre, en juillet 1969, le New York Times présentait déjà flatteusement Bush comme un possible candidat au Sénat et, effectivement, il l’était pour le Texas pour les élections de 1970. Dans l’autobiographie de campagne de Bush, il tente de faire passer sa décision de concourir une seconde fois pour le Sénat comme étant une décision appuyée par l’ancien président Lyndon B. Johnson. Ceci, dirions-nous, est déjà assez mauvais en soi. Mais, en réalité, l’encouragement décisif, les fonds et la promesse d’avancement futur qui décidèrent Bush à tenter le grand saut vers le Sénat une fois de plus, vinrent de Richard Milhous Nixon, et l’argent impliqué dans l’affaire vint des cercles du CREEP de Nixon lui-même.

Nixon, rappelons-le, avait fait campagne en faveur de Bush en 1964 et 1966, et il allait faire de même en 1970. Au cours de ces années, les positions de Bush s’alignèrent presque parfaitement sur la ligne de la « présidence impériale ». Et, grâce en grande partie aux fonctionnements des réseaux Brown Brothers Harriman de son père – Prescott avait fait partie des meubles à la Maison-Blanche d’Eisenhower, là où travaillait Nixon, et au Sénat présidé de temps à autre par Nixon – Bush devint un allié et un copain de Nixon. La connexion Nixon de Bush, que la propagande en faveur de Bush tend à minimiser, fut en fait la clé des choix de carrière de Bush à la fin des années 60 et au début des années 70.

On ne pourrait mieux illustrer les relations intimes de Bush avec Tricky Dick (Richard le Tricheur, surnom de Nixon, NdT) que dans les étroites relations de Bush avec la désignation à la vice-présidence au GOP, en 1968, lors de la convention de Miami, cette année-là.

Richard Nixon débarqua à Miami en précédant le gouverneur de New York, Nelson Rockefeller, et le gouverneur de Californie, Ronald Reagan, dans les comptes des délégués, mais, juste avant la convention, Reagan, encouragé par son soutien croissant, annonça qu’il allait passer du statut de fils favori de la Californie pour revêtir celui d’un candidat en plein à la nomination à la présidence. Reagan tenta de convaincre maintes délégations conservatrices du Sud de passer du soutien de Nixon au sien propre, puisque, idéologiquement parlant, il était le conservateur le plus pur et il était plus apprécié dans le Sud que le nouveau (voire l’ancien) Tricky Dick. La défense de Nixon de sa base de délégué du Sud était dirigée par le sénateur de la Caroline du Sud, Strom Thurmond, qui garda la grande majorité des délégués en ligne, parfois avec l’aide de la règle de l’unité. « La clef de voûte du raisonnement de Thurmond avec les délégués du Sud, c’était que Nixon était le meilleur conservateur qu’ils pourraient jamais obtenir et même gagner et qu’il avait obtenu des garanties de Nixon qu’aucun candidat à la vice-présidence ne serait sélectionné s’il était insupportable aux yeux du Sud », écrivit un observateur de la convention de Miami.(20) Puisque les conservateurs du Sud avaient la garantie d’un pouvoir de veto sur le second tour de l’élection, les efforts de Thurmond furent couronnés de succès. On prétend même qu’un dirigeant du pool de Louisiane fit remarquer : « Cela me brise le cœur que nous ne puissions soutenir un homme aussi remarquable que le gouverneur Reagan, mais Monsieur Nixon mérite notre choix, et il doit donc être choisi. »

Telles furent les circonstances dans lesquelles Nixon, ayant conquis la désignation au premier tour de scrutin, rencontra ses conseillers au milieu de l’architecture grotesque du 15e étage du Plaza-Hilton de Miami, au début de la matinée du 9 août 1968. A la façon dont Nixon raconte l’histoire dans ses mémoires, il s’était déjà passablement fixé sur le choix du gouverneur du Maryland, Spiro Agnew, estimant que « avec George Wallace dans la course, je ne pouvais espérer mettre le Sud en poche. Par conséquent, il était absolument nécessaire de gagner la périphérie tout entière du Sud – les Etats frontaliers – de même que les principaux Etats du Middle-West et de l’Ouest ». Par conséquent, déclare Nixon, il laissa ses conseillers mentionner des noms sans leur dire qu’il avait déjà largement fait son choix. « Les noms les plus fréquemment cités par ceux qui étaient présents étaient des noms familiers : Romney, Reagan, John Lindsay, Percy, Mark Hatfield, John Tower, George Bush, John Volpe, Rockefeller, et une seule mention occasionnelle d’Agnew, parfois en même temps que les gouverneurs John Love du Colorado et Daniel Evans de Wahington. »(21) Nixon déclare également qu’il offrit la vice-présidence à ses proches amis Robert Finch et Rogers Morton et qu’il déclara ensuite à son équipe que c’était Agnew qu’il voulait.

Mais ce compte rendu sous-estime de façon peu franche à quel point Bush fut près de la vice-présidence en 1968. Selon une brève biographie bien informée, mais favorable, de Bush publiée au moment où il était sur le point d’accéder à la Maison-Blanche, « lors de la convention du GOP, en 1968, laquelle désigna Nixon à la présidence, on dit que Bush figura sur la liste de quatre noms des candidats à la vice-présidence. Il attribua cela à la campagne menée par ses amis, mais cela confirma largement tout le sérieux de la considération éprouvée par Nixon à son égard. Il ne fait aucun doute que Nixon désirait la promotion de Bush d’une façon ou d’une autre. »(22)  Theodore H. White place Bush sur la liste conservatrice de Nixon en compagnie de Tower et de Howard Baker, avec une catégorie séparée de libéraux, ainsi que d’« eunuques politiques » comme Agnew et le gouverneur du Massachusetts, John Volpe.(23) Jules Whitcover estima que la raison de l’élimination de Bush était « qu’il était trop jeune, qu’il n’était que représentant à la Chambre, et que sa sélection allait causer des problèmes avec John Tower », qui lorgnait également le poste.(24) La raison communément admise, c’est que Nixon décida de ne pas choisir Bush parce que, après tout, il n’avait encore eu qu’un seul mandat au Congrès. Il est plus vraisemblable que Nixon était inquiet des comparaisons que l’on aurait pu établir avec le choix de Barry Goldwater, en 1964, qui avait choisi le Congressiste new-yorkais Bill Miller comme compagnon de course. Nixon craignait que si, quatre ans plus tard seulement, il choisissait un congressiste sans le moindre profil national, la presse hostile n’aille le comparer à Goldwater et le cataloguer de nouveau loser républicain.

Plus tard, en août, Bush se rendit à la suite du motel occupé par Nixon en bord de mer, à Mission Bay, en Californie, pour discuter de la stratégie de campagne. Il fut décidé que Bush, Howard Baker, le républicain Clark MacGregor du Minnesota et le gouverneur Volpe allaient tous fonctionner comme « candidats suppléants », faisant campagne et défendant les engagements que Nixon ne pourrait remplir lui-même. Et voici George, sur une photo publiée au sommet de la une du New York Times du 17 août 1968, associé aux trois autres pour frapper sur l’épaule d’un Nixon grimaçant et euphorique et lui secouer la pince avant d’aller faire campagne sur le terrain.

Bush n’eut pas de problèmes personnels, lors des élections de 1968, puisqu’il concourait sans opposition – une belle astuce pour un républicain de Houston, même si l’on tient compte des tripatouillages électoraux de son concepteur. Concourir sans opposition semble être l’idée que se fait Bush d’une élection idéale. Selon le Houston Chronicle, « Bush était devenu si impressionnant, politiquement parlant, que plus personne ne se hasardait encore à le défier », ce qui allait également valoir pour Gary Hart quelques années plus tard. Bush avait de grands espoirs de pouvoir faire glisser les votes du Texas dans la colonne de Nixon. Le GOP escomptait la poursuite de la guerre ouverte entre Yarborough et Connally, ; mais ces divisions s’avérèrent insuffisantes pour empêcher Hubert Humphrey, le candidat démocrate, d’embarquer avec lui le Texas tout en dégringolant vers la défaite. Comme l’explique un compte rendu des élections de 1968 : « Le Texas est un vaste et fatigant Etat pour y faire campagne mais, ici, on mit tout particulièrement l’accent sur les ‘candidats suppléants’, notamment le membre du Congrès, George Bush,  un garçon à l’air convenable, d’excellente naissance, qui représentait les faubourgs spacieux de Houston et qui n’eut pas d’opposition dans son district – signe évident de la force de la technocratie républicaine au Texas. » (Peut-être, si technocratie est synonyme de « plombiers ».) Remporter un second mandat n’était pas un problème. Toutefois, Bush était terriblement embarrassé par son incapacité à délivrer le Texas de Tricky Dick. « Je ne sais pas ce qui a foiré », murmura Bush quand on l’interviewa en décembre. « On a dépensé un tas d’argent », la plupart provenant des organisations qui avaient précédé le CREEP.(25) Comme d’habitude, Bush sortit une théorie d’après fait sur ce qui avait foiré : il rejeta le blâme sur les électeurs noirs. A Houston, découvrit-il, il y avait 58.000 électeurs, et Nixon n’en avait eu que 800. « On croirait », dit Bush, « qu’un plus grand nombre de gens seraient tout simplement venus là et qu’ils se seraient tous trompés ! »(26)

Quand, en 1974, il apparut pendant un bref instant que Bush allait être le principal candidat à être choisi pour la vice-présidence par le nouveau président Gerald Ford, le Washington Post fit remarquer que bien que Bush fît une proposition sérieuse, il n’avait pour ainsi dire pas de qualifications pour ce poste. Cette critique fut même davantage exprimée en 1968 : pour la plupart des gens, Bush était un politicien texan plutôt obscur, et il avait perdu une précédente course électorale au niveau de l’Etat avant l’élection qui allait lui ouvrir les portes du Congrès. Le fait qu’il parvint à ses fins lors du tour final au Hilton de Miami constitua un autre tribut à la puissance mobilisatrice du réseau des Prescott Bush, Brown Brothers, Harriman, et autres Skull and Bones.

Comme les élections de 1970 approchaient, Nixon fit une offre attrayante à Bush. Si Bush voulait renoncer à son siège apparemment sûr au Congrès ainsi qu’à son siège à la Commission du Budget, Nixon serait heureux de contribuer à financer la course au Sénat. Si Bush y remportait un siège, il serait un principal candidat pour remplacer Spiro Agnew à la vice-présidence en 1972. Si Bush devait perdre ces élections, il serait alors en position pour une désignation à un poste important à l’Executive Branch, plus vraisemblablement un siège au cabinet. Ce marché, un secret de polichinelle, en fait, devait être discuté dans la presse texane au cours de l’automne 1970 : à l’époque, le Houston Post cita Bush dans sa réponse à des rapports persistants de journaux de Washington disant que Bush allait remplacer Agnew lors des élections de 1972. Bush déclara que c’était « la plus grosse spéculation que j’aie vue depuis longtemps ». « Je déteste perdre du temps à m’entretenir de telles spéculations sauvages », déclara Bush à Austin. « Je devrais être là, dehors, à serrer les mains de ces personnes qui sont restées dans la pluie pour me soutenir. »(27)

A l’époque, Bush calcula qu’un second défi contre Yarborough aurait une plus grande chance de succès que sa première tentative. Il est vrai que 1970 était une autre année électorale en dehors du cycle habituel et au cours de laquelle les démocrates concourant contre la Maison-Blanche du républicain Nixon allaient avoir un certain avantage statistique. 1970 fut également la grande année de la « majorité silencieuse », le contrecoup de l’Amérique moyenne contre les protestataires anti-Vietnam. C’allait être l’année au cours de laquelle Pat Buchanan et William Safire, de la Maison-Blanche de Nixon, allaient armer Agnew d’une série de slogans en béton que le vice-président allait pouvoir utiliser le long de ses voies politiques les plus mesquines : « pataugeurs pusillanimes », « vicaires de la tergiversation », « hypocondriaques hautement désespérés et hystériques », « nababs narquois du négativisme », « libéraux radicaux » et « snobs affectés », tel était le langage d’Agnew, riche en allitérations en tous genres. Ce fut l’année des élections au Congrès qui atteignit des sommets dans la quasi-insurrection contre Nixon à San Jose, Californie, le 29 octobre 1970, lorsque Nixon, le gouverneur Reagan et le sénateur George Murphy faillirent bien se faire lapider par une foule en colère dans un incident si idéal pour les besoins de la propagande de Nixon qu’il est bien possible qu’ils n’aient été déclenchés que par des agents provocateurs parmi les plus subtils. Dans une telle ambiance, Bush se vit changer de cap méchamment et embrayer sur une rhétorique très dure, attaquant Yarborough pour avoir été de mèche avec les manifestants violents et obscènes après l’approbation par Yarborough lui-même des manifestations très timides du Moratoire contre la guerre, en octobre 1970, à Washington.

Dans un évident tour de passe-passe, Bush utilise son autobiographie de campagne pour faire croire que c’était LBJ, et non Nixon, qui avait insisté pour qu’il fasse campagne. Il raconte comment il a été le seul républicain à la base aérienne d’Andrews à dire au revoir à LBJ après l’intronisation de Nixon. Il nous raconte qu’il a rendu visite à LBJ dans son fameux ranch au bord de la rivière Pedernales et que le président dégommé l’a trimballé sur des mauvaises routes, à 130 km/h, dans sa Lincoln Continental. Tout cela n’est qu’un cliché, à l’instar de la scène où Bush demande à LBJ s’il essaierait de déloger Yarborough. Bush a la réponse de LBJ accompagnée de la petite histoire que chaque écolier connaissait à la fin des années 60, et que LBJ doit avoir raconté dix mille fois en parlant de sa carrière, laquelle histoire il avait servie à la fois à la Chambre et au Sénat, à savoir que « la différence entre un membre du Sénat et un membre de la Chambre est la même que la différence entre de la salade de poulet et de la fiente de poulet ».(30) Rappelons également qu’au cours de ces années de déclin, le pauvre vieux LBJ ne fut plus qu’un reclus détesté, désespérant tellement d’avoir de la compagnie au point d’être même impatient d’accueillir les sessions d’analyse psycho-sexuelle de Doris Kearns, de la Kennedy School of Government. Naturellement, Bush cherchait à s’insinuer dans les bonnes grâces partout où il le pouvait et, bien sûr, LBJ disposait toujours d’atouts qui auraient pu faire une différence dans une course sénatoriale au Texas, et Bush ne serait jamais indifférent à quelque avantage que ce soit, même marginal. Ici, on retrouvait également le vieux truc instinctif de George consistant à négocier avec les anciennes relations de Prescott : dans les années 50, LBJ et Prescott avaient travaillé ensemble à la Commission sénatoriale des Services de l’Armée. Mais, en fin de compte, le récit de Bush n’est qu’une tromperie calculée, et c’est bien typique de lui. Non, au contraire, George : LBJ avait une dent contre Yarborough parce qu’il s’était opposé à lui sur la question du Vietnam mais, en 1970, LBJ n’était plus qu’un has-been et ce fut Tricky Dick qui vous dit de vous présenter au Sénat en 1970, et qui arrondit les angles avec des billets grands formats et la promesse de postes prestigieux si vous échouiez.

En septembre, le New York Times rapporta que Nixon recrutait activement des candidats républicains pour le Sénat. « Cela implique qu’il va participer à leurs campagnes et offrir des postes aux perdants »; « L’aide financière est supposée », disent les sous-titres.(28) Elle fut plus que supposée et l’article citait George Bush en tête de la liste. Il allait s’avérer que la course au Sénat de Bush fut la seule cible importante des efforts de Nixon dans la totalité du pays et, à la base, le président et Agnew s’y engagèrent activement. Bush devait recevoir de l’argent d’une caisse noire de Nixon appelée le fonds « Townhouse », une opération dans l’orbite du CREEP. Bush fut également le bénéficiaire des largesses de W. Clement Stone, un grossium des assurances de Chicago qui avait sponsorisé largement la campagne de Nixon en 1968. L’ami de Bush, Tower, était le président de la Commission de la campagne sénatoriale du GOP et l’ancien assistant de campagne de Bush, Jim Allison, était désormais le vice-président de la Commission nationale républicaine.

Bush lui-même était confortablement installé dans les replis de la bureaucratie des collectes de fonds du GOP. Lorsque, en mai 1969, le copain de Nixon, Robert Finch, le secrétaire à la Santé, l’Education et l’Aide sociale, rencontra les membres du Republican Boosters Club 1969 (Club des donateurs républicains), Bush l’accompagnait, en même temps que Tower, Rogers Morton et le Congressiste Bob Wilson, de la Californie. On estime que les Boosters tous ensemble ont soutenu les candidats du GOP pour environ 1 million de dollars, en 1970.(29)

En décembre 1969, il devint clair pour tout le monde que Bush allait obtenir la quasi-totalité des liquidités des coffres GOP du Texas et qu’Eggers, le candidat du parti au poste de gouverneur, pourrait aller se promener, naturellement. Le 29 décembre, la une duHouston Chronicle donnait son avis : « L’argent du GOP va servir à aider Bush, et non Eggers. » Plus tard, le candidat démocrate au Sénat allait accuser la bande de Nixon d’avoir « essayé d’acheter » les élections au Sénat au profit de Bush : « Washington a jeté tellement d’argent dans la campagne de George Bush qu’aujourd’hui, d’autres candidats républicains partout dans le pays demandent des comptes », déclara l’opposant de Bush.(31)

Mais cet opposant fut Lloyd Bentsen, et non Ralph Yarborough. Tous les calculs à propos de la course au Sénat de 1970 avaient été mis sens dessus dessous lorsque, à une heure relativement tardive, Bentsen, poussé par John Connally, annonça sa candidature aux primaires démocrates. Yarborough, occupé par son travail de président de la Commission sénatoriale pour l’emploi, démarra sa campagne assez tard. L’intention de Bentsen était d’attaquer les protestataires et les radicaux contre la guerre, en décrivant Yarborough comme un meneur des extrémistes.

Yarborough avait perdu pas mal de son énergie depuis 1964 et il changé de cap, pour soutenir une législation davantage écologique et pour soutenir même certaines des mesures de « planning démographique » anti-humaines que Bush et ses milieux avaient proposées. Mais il se battit courageusement contre Bentsen. Lorsque Bentsen se vanta d’avoir fait beaucoup pour les Mexicains de la vallée du Rio Grande, Yarborough le contra : « Qu’est-ce que Lloyd Bentsen a jamais fait pour la vallée ? La vallée n’est pas à vendre. On ne peut pas acheter les gens. Je n’ai jamais entendu qu’il dire qu’il ait fait quoi que ce soit pour la main-d’œuvre immigrée. Tout ce que j’ai appris, c’est que son père faisait travailler ces illégaux. Tout ce que j’ai appris, c’est qu’ils exploitaient les illégaux »,déclara Yarborough. Quand Bentsen se vanta de sa grande expérience, Yarborough contre-attaqua : « La seule expérience qu’ont eue mes opposants a été de représenter les intérêts financiers de la grosse galette. Ils ont tous deux témoigné une insensibilité marqué aux besoins du citoyen moyen et de notre Etat. »

Mais, le 2 mai, Bentsen battit Yarborough et une époque prit fin dans la politique du Texas. La victoire de Bush à 10 contre 1 sur son ancien rival de 1964, Robert Morris, lors de ses propres primaires, fut une maigre consolation. Alors qu’on s’attendait clairement à la façon dont Bush allait concourir contre Yarborough, il n’était pas du tout clair comment il allait pouvoir se différencier de Bentsen. En effet, pour beaucoup, les deux hommes semblaient être des jumeaux : chacun était un ploutocrate pétrolier de Houston, chaque était agressivement anglo-saxon, chacun avait siégé à la Chambre des Représentants, chacun affichait un passé dans les forces aériennes lors de la Seconde Guerre mondiale. En fait, tout ce que Bentsen eut à faire pour le reste de la course, ce fut de se présenter comme étant plausible et poli et de permettre à l’avantage écrasant des démocrates parmi les électeurs enregistrés, et tout particulièrement dans les zones rurales à prédominance démocrate, de faire le travail à sa place. Cette position de Bentsen fut ponctuée de temps en temps par des appels aux conservateurs qui pensaient que Bush était trop libéral à leur goût.

Bush espéra pendant quelque temps que son adroite image télévisée allait pouvoir le sauver. Son agent, Harry Treleaven, entra une fois de plus en scène. Bush paya plus d’un demi-million de dollars, une somme rondelette à l’époque, à la Glenn Advertising pour une série de spots de campagne où il était présenté sous un « air le plus naturel possible », à la façon de Kennedy. Bush ne tarda pas à envahir la TV de toute sa platitude aride, faisant du jogging dans la rue, descendant des escaliers, sautillant autour de Washington et jouant même au football, toujours rempli de jeunesse, de vigueur, d’action et de thryoxine. Les naïfs portaient Bush aux nues, le trouvant « tout simplement fantastique » dans ces spots. Tolérant que les électeurs viennent à lui, Bush répondait à tous ceux qui se présentaient qu’il les « comprenait », et la prise de vue cessait avant qu’il n’ait pu dire ce qu’il avait compris ou ce qu’il avait l’intention de faire.(32) « Sûr que c’est dur de se tenir debout face à la machine, les gars », disait le candidat des Skull & Bones dans ces spots. En fait, Bush avait plus d’argent à dépenser que même Bentsen le bien nanti. Le slogan généralisé qui devait donner le coup de pouce nécessaire à Bush était : « Il peut faire plus ! » « Il peut faire plus ! » avait des problèmes qui paraissaient évidents même aux yeux de certains des homme de Bush en 1970 : « Quelques membres du camp de Bush remirent en question cette approche générale parce qu’une fois que les programmes de publicité sont lancés, il est extrêmement difficile de les modifier et il y avait l’inquiétude de ce que, si Nixon devait s’avérer impopulaire à la fin de la campagne, la ligne de thème n’aille devenir ‘Il peut faire plus pour Nixon’, avec les retombées évidentes que cela allait entraîner.(33) Bien qu’on fût d’accord pour dire que les spots de Bentsen lui donnaient ‘tout le battant d’un cadavre’ (…) », il avait plus de substance que Bush et, en fait, il allait de l’avant.

Y avait-il des questions qui auraient pu aider George ? Ses publicités mettent en tête de liste son opposition aux transports scolaires afin de réaliser l’équilibre racial, mais cette position ne le mena nulle part. En raison de sa servilité à l’égard de Nixon, Bush devait soutenir l’expression en vogue : « Revenu annuel garanti », qui était l’étiquette sous laquelle Nixon vendait son programme de travail esclavagiste déjà décrit mais, pour beaucoup de Texans, la chose fut considérée comme une nouvelle révélation, et Bentsen fut prompt à prendre l’avantage. Bush se vanta d’avoir été l’un des défenseurs originaux de la loi qui venait tout juste de quasi-privatiser le département des Postes américaines en Service postal. Bush se présenta comme un conservateur sur le plan fiscal, mais cela non plus ne lui servit pas à grand-chose face à Bentsen.

Dans une interview sur les questions féminines, Bush dit d’abord en plaisantant qu’il n’y avait pas vraiment de consensus parmi les femmes : « Le concept d’un mouvement de femmes est irréel – il est impossible que deux femmes se mettent d’accord sur quoi que ce soit. » Sur l’avortement, il eut le commentaire suivant : « Je comprends qu’il s’agit d’une zone politiquement sensible. Mais je crois dans le droit de la femme de choisir. Cela devrait être un problème individuel. Finalement, je pense que ce sera une question constitutionnelle. Je ne suis pas partisan d’une loi fédérale sur l’avortement en tant que telle. » Après 1980, pour ceux qui choisirent de le croire, ces propos se muèrent en une virulente opposition à l’avortement.

Une question qui aida Bentsen fut celle de la « récession inflationniste », également appelée stagflation. « Je pense que [le Président] devrait utiliser la persuasion morale de la Maison-Blanche afin d’aider à garder les salaires et les prix dans le domaine du raisonnable, au lieu de suivre une politique qui a mis quasiment 2 millions d’Américains au chômage, et sans même faire cesser l’inflation », déclara Bentsen. Bush ne put faire autrement que de répéter comme un perroquet les mots de Nixon modèle 1970, ce qui revenait à se faire clouer le bec.

Nixon et Agnew pouvaient-ils aider Bush ? Le message d’Agnew tomba à plat au Texas, puisqu’il savait qu’il était trop dangereux d’essayer de débaucher la droite de Bentsen et d’essayer de l’attaquer à partir de là. En lieu et place, Agnew se livra à la contorsion suivante : un vote pour Bentsen, déclara Agnew aux publics de Lubbock et d’Amarillo, « n’est autre qu’un vote qui va permettre à William Fulbright de demeurer président de la Commission sénatoriale sur les relations extérieures » et ce n’était pas du tout « ce que voulaient les Texans. » Agnew tenta d’embarquer Bentsen dans le même bateau que les « libéraux radicaux » comme Yarborough, Fulbright, McGovern et Kennedy. Bentsen invita Agnew à se déplacer jusqu’en Arkansas et à se mesurer à Fulbright, et tout fut dit.

Nixon lui-même pouvait-il aider Bush ? Nixon fit campagne dans l’Etat. Bentsen déclara alors à un groupe d’hommes d’affaires « anglo-américains » : Les Texans veulent « un homme qui puisse se présenter seul sans avoir besoin d’être soutenu par la Maison-Blanche ».

A la fin, Bentsen vainquit Bush sur un score de 1.197.726 voix contre 1.035.794 à Bush, soit 53% contre 47%. L’explication officielle à la Bush fut que deux amendements proposés à la Constitution du Texas furent en ballottage, l’un pour autoriser les saloons, l’autre pour permettre à toute terre en friche d’être taxée au même taux que les terres agricoles exploitées. Selon les partisans inconditionnels de Bush, ces deux propositions suscitèrent tant d’intérêt parmi les « conservateurs ruraux enragés » que 300.000 électeurs supplémentaires se présentèrent et que cela donna à Bentsen sa marge critique de victoire. On spécula également sur le fait que Nixon et Agnew avaient tellement attiré l’attention que davantage d’électeurs s’étaient présentés aux urnes, mais que nombre d’entre eux étaient des partisans de Bentsen. Le soir des élections, Bush déclara qu’il s’était « senti comme le général Custer. Ils lui avaient demandé pourquoi il avait perdu et il avait répondu : ‘Il y avait trop d’Indiens.’ Tout ce que je puis dire en ce moment, c’est qu’il y avait trop de démocrates », déclara le double perdant de fraîche date. Bentsen suggéra qu’il était temps pour Bush qu’il soit désigné à de hautes fonctions au sein du gouvernement.(34)

L’autre consolation de Bush fut un télégramme daté du 5 novembre 1970 :

« De par mon expérience personnelle, je connais la déception que vous et votre famille devez ressentir en ce moment. Je suis sûr, toutefois, que vous ne laisserez pas cette défaite vous décourager dans vos efforts pour continuer à fournir une direction à notre parti et à la nation. (s) Richard Nixon. »

Telle fut la façon lénifiante dont Nixon assura à nouveau Bush de ce qu’il y avait toujours un marché entre eux.(35)

 

 

 

NOTES

 

1. Voir Fitzhugh Green, George Bush, p.92, et Bush et Gold, Looking Forward, p.90.

2. Les remarques de. Stevens faisaient partie d’un programme documentaire de l’émission « Frontline », du Public Broadcasting System, intitulé « Campaign: The Choice » (La campagne : le choix), du 24 novembre 1988. Cité par Fitzhugh Green, p.91.

3. Pour les chroniques relatives aux GOP du comté de Harris, voir les articles de la presse locale disponibles sur microfiches à la Texas Historical Society de Houston.

4. « George Bush vs. Observer Editor » (GB contre l’OE), The Texas Observer, 23 juillet 1965.

5. Texas Observer, 14 octobre 1966.

6. Bush et Gold, Looking Forward, p.91.

7. Joe McGinniss, The Selling of the President 1968 (Comment faire passer un président), New York, 1968, pp.42-45.

8. Voir Knaggs, Two-Party Texas (Un Texas à deux partis), p.111.

9. Congressional Quarterly, President Bush: The Challenge Ahead (Le président Bush relève le défi), Washington, 1989, p.94.

10. Harry Hurt III, "George Bush, Plucky Lad" (GB, un gars courageux), dans le Texas Monthly, juin 1983.

11. New York Times, 24 janvier 1968.

12. New York Times, 7 mai 1968.

13. Note manquante dans l’original (NdT)

14. Le compte rendu qui suit des archives du Congrès sur Bush à propos de la population et autres questions émane des recherches en profondeur de Kathleen Klenetsky, à qui les auteurs sont heureux d’exprimer ce qu’ils lui doivent. Le matériel qui suit comprend des passages de Kathleen Klenetsky, "Bush Backed Nazi 'Race Science'" (Bush a soutenu la science raciale des nazis), Executive Intelligence Review, 3 mai 1991 et New Federalist, 29 avril 1991.

15. New York Times, 11 avril 1968.

16. Bush

17. Voir Robert Sherrill, The Oil Follies of 1970-1980 (Les folies pétrolières des années 70-80), New York, 1983, pp.61-65.

18. New York Times, 22 juillet 1969.

19. Sherrill, p.64.

20. Norman Mailer, Miami and the Siege of Chicago (Miami et le siège de Chicago), New York, 1968, pp.72-73.

21. Richard Nixon, RN: The Memoirs of Richard Nixon, p.312.

22. Congressional Quarterly, President Bush, Washington, 1989, p.94.

23. Theodore H. White, The Making of the President 1968, New York, 1969, p.251.

24. Jules Witcover, The Resurrection of Richard Nixon, p.352.

25. Lewis Chester et al., The Presidential Campaign of 1968, Londres, Deutch, 1969, p.622.

26. Chester et al., p.763.

27. Houston Post, 29 octobre 1970.

28. New York Times, 13 mai 1969.

29. New York Times, 27 septembre 1969.

30. Bush et Gold, Looking Forward, pp.98-103.

31. Houston Chronicle, 6 octobre 1970.

32. Voir "Tubing with Lloyd/George" (Coups de fil avec L/G),  The Texas Observer, 30 octobre, 1970.

33. Knaggs, Two-Party Texas, p.148.

34. Houston Post, November 5, 1970.

35. Bush and Gold, Looking Forward, p.102.


Date de création : 07/09/2012 @ 09:37
Dernière modification : 07/09/2012 @ 09:37
Catégorie : Saga Bush


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A OFFRIR A CEUX QUE VOUS AIMEZ
Parents, grands-parents, vous avez rêvé depuis longtemps d’écrire votre biographie, votre livre de vie, mais vous ne saviez pas trop comment vous y prendre, car vous voulez retrouver vos racines, laisser votre trace à vos enfants et petits-enfants. Sachez et soyez persuadés que votre vie mérite d'être racontée.
Enfants, petits-enfants, vous voulez faire un cadeau original, inoubliable, inestimable à vos parents, grands-parents. Voilà le cadeau qui les touchera et qu’ils apprécieront le plus.
Je suis auteur de nombreux livres publiés et écrivain-biographe pour particuliers. Ensemble je vous propose d’écrire VOTRE LIVRE DE VIE.
Alors, c'est maintenant le moment de réaliser votre rêve et de VOUS OFFRIR ET D’OFFRIR ce cadeau unique. Consultez mon site pour avoir tous les détails. Vous verrez tout ce que je peux vous apporter et tout ce que nous pouvons faire ensemble.
Surtout ne pensez pas qu'une biographie est réservée aux personnages politiques connus, aux grands sportifs, aux stars qui font la une des médias. Tout le monde a une vie intéressante. Il suffit de bien la raconter. JE SUIS Là POUR VOUS AIDER !
 
Site
http://www.biographevom.fr/
 
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Librairie LuLu
 
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